DANCOURT (Florent Carton, dit)

 

DANCOURT (Florent Carton, dit) 1661-1725

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Biographie

Issu d’une famille noble, fils de Florent Carton, écuyer, et de Louise de Londé (par laquelle il descendait des Budé), qui l’éleva, Dancourt fit ses études à Paris dans le Collège des Jésuites. Le père La Rue, qui fut son maître, voulut en vain l’engager dans la Société de Jésus. Il étudia le droit, se fit recevoir avocat à l’âge de 17 ans et exerça quelque temps au Parlement de Paris.
Il quitta la profession d’avocat à 24 ans pour épouser Thérèse Le Noir de La Thorillière, fille du comédien La Thorillière. Puis, malgré les résistances de sa famille, entra avec elle, en 1685, dans la troupe de la Comédie-Française, dont il devint sociétaire jusqu’à sa retraite le 3 avril 1718. La facilité avec laquelle il s’exprimait le fit choisir pour orateur de la troupe dans les circonstances d’apparat. Sa physionomie était expressive, son jeu plein de verve ; il jouait fort bien le haut comique et excellait dans l’interprétation du Misanthrope.
L’année même où il entra au théâtre comme acteur, Dancourt fit jouer sa première comédie, le Notaire obligeant ou les Fonds perdus. Elle réussit et, dès lors, l’auteur produisit avec une fécondité extrême, entre 1683 et l’année de sa mort, plus de 80 comédies, dont le succès malgré la bienveillance du public à son égard, fut loin d’être toujours le même, et dont la plus célèbre est Le Chevalier à la mode, en cinq actes, en prose (1687).
La plupart de ses œuvres seront jouées tout au long du XVIIIe siècle. Celles qui eurent le plus de succès sont : Le Notaire obligeant, Les Bourgeoises de qualité, Les Vendanges de Suresnes, Les Vacances, Le Mari retrouvé, Les Trois Cousines, Le Galant Jardinier, La Maison de campagne, La Foire de Bezons.
Dancourt exploitant habilement à la scène les aventures piquantes de l’époque, la chronique scandaleuse de la ville et de la cour, plus d’un spectateur pouvait craindre de se reconnaître sur la scène. Cette préoccupation ne fut probablement pas étrangère à la fâcheuse aventure qui lui arriva un jour que le marquis de Sablé, à moitié ivre à la représentation de l’Opéra de village jouée en 1691. Comme on chantait :

En parterre il bout’ra nos prés ;
Choux et poireaux seront sablés,

le marquis s’imagina que Dancourt avait voulu l’offenser ; il se leva et alla le souffleter.
Suivant Voltaire, « ce que Regnard était à l’égard de Molière dans la haute comédie, le comédien Dancourt l’était dans la farce. » La plupart de ses pièces sont en prose ; le dialogue en est très vif et très enjoué ; mais l’auteur s’écarte souvent de l’objet de son œuvre, pour montrer de l’esprit et courir après un bon mot. « Par le caractère de vérité qu’il a su donner à ses personnages, dit Palissot, Dancourt peut être regardé en quelque sorte comme le Téniers de la comédie. »
On peut dire que Dancourt a créé le genre villageois : il a su retracer avec une grande fidélité la malice et la naïveté des paysans. Il a pareillement peint d’une manière vraie les chevaliers d’industrie et les femmes d’intrigue. Son chef-d’œuvre est le Chevalier à la mode, en cinq actes, en prose (1687). Les autres pièces de Dancourt les mieux réussies sont le Mari retrouvé (1698) ; les Bourgeoises de qualité (1700) ; les Trois cousines (1700) ; le Galant jardinier (1704).
On cite encore : la Désolation des Joueuses (1687) ; les Vendanges de Suresnes (1694) ; le Divertissement de Sceaux (1705) ; le Diable boiteux (1707) ; la Comédie des comédiens (1710), etc. La Folle enchère (1690) lui a été attribuée : elle fut jouée sous son nom et il en perçut les droits, puis elle fut reproduite dans ses Œuvres Complètes en 1760. Néanmoins, elle est l’œuvre de Mme Ulrich dont il était l’amant.
L’édition la plus complète des Œuvres de Dancourt est celle de 1760 (12 vol. in-12). On a publié ses Œuvres choisies (1810, 5 vol, in-18).
Retraité, il alla s’enfermer dans un château qu’il possédait en Berry où il acheva sa vie dans les pratiques de la dévotion, traduisant les Psaumes en vers, et composant une tragédie sacrée. Ses deux filles, Marie-Anne-Armande, dite Manon, et Marie-Anne-Michelle, dite Mimi, furent aussi comédiennes au même théâtre. Sa petite fille Thérèse Boutinon des Hayes tint un important salon à Paris. Son beau-frère, Pierre Le Noir (1659-1731), fut sociétaire de la Comédie-Française en reprenant le nom de scène de son père, La Thorillière.

Oeuvres

Théâtre