À la feuille de Rose, maison turque (Guy de MAUPASSANT)

Comédie en u acte.

Représentée pour la première fois, à Paris, chez les peintres Becker et Leloir, le 13 avril1875.

 

Personnages

 

MICHÉ, maquereau

CRÊTE DE COQ, garçon de bordel

MONSIEUR BEAUFLANQUET, Maire de Conville

MADAME BEAUFLANQUET, Mairesse de Conville

LÉON, amoureux de Madame Beauflanquet

RAPHAËLE, employée du bordel

FATMA, employée du bordel

BLONDINETTE, employée du bordel

UN CAPITAINE retraité

UN JEUNE HOMME

UN SAPEUR

UN MARSEILLAIS

UN ANGLAIS

 

La scène se passe à Paris de nos jours dans un salon de bordel.

 

Un salon, tenture d’Orient, trois portes au fond, divans à droite et à gauche.

 

 

Scène première

 

MICHÉ, CRÊTE DE COQ

 

MICHÉ.

Eh bien ! Crête de Coq, tout est-il prêt ?

CRÊTE DE COQ.

Oui, Monsieur.

MICHÉ.

Allons, dépêchons, dépêchons, il ne faut pas perdre une flanelle, les affaires ne vont déjà pas si bien.

CRÊTE DE COQ.

Monsieur, on vient d’apporter vos nouvelles réclames.

Il lui donne un paquet.

MICHÉ, lisant.

Ah ! bien, il faudra tâcher d’en distribuer discrètement.

CRÊTE DE COQ.

Comptez sur moi, Monsieur.

MICHÉ.

Voyons ça :

Il lit.

« À la feuille de Rose, maison turque, salons et cabinets meublés. »

CRÊTE DE COQ.

Bien meublés.

MICHÉ, lisant.

« Société choisie, sécurité, petits soins et discrétion. Cette maison organisée sur un pied tout nouveau à l’instar de la Turquie, se recommande tout particulièrement à l’attention du high life. On emploie toutes les langues. »

CRÊTE DE COQ.

C’est pas bête, ça. Vous avez eu là une fière idée, patron.

MICHÉ.

J’ai habillé mes femmes en turques. Voilà !

CRÊTE DE COQ.

Une maison turque, on ne trouve pas ça tous les jours, et puis le bourgeois, c’est friand des turques.

MICHÉ.

Sans cela, ma foi, je ne sais pas comment je m’en serais tiré.

CRÊTE DE COQ.

Vous n’avez que trois femmes dans la maison.

MICHÉ.

Une qui a perdu ses dominos.

CRÊTE DE COQ.

L’autre qui tue les mouches et renverse les visiteurs.

MICHÉ.

Il n’y a plus que Raphaële de présentable.

CRÊTE DE COQ, soupirant.

Ah ! Raphaële, aussi elle a été au poste toute la semaine.

MICHÉ.

As-tu fini ?

CRÊTE DE COQ.

Si vous croyez que c’est agréable de voir la femme qu’on aime...

MICHÉ.

Tout ça c’est des bêtises, tu veux prendre ma suite, n’est-ce pas ? Eh bien, faut pas risquer à perdre ta situation par des sensibleries. Allons, je vais voir si elles s’habillent là-haut.

Il sort.

 

 

Scène II

 

CRÊTE DE COQ, seul

 

Raphaële !

Il brosse le canapé.

Allons bon, encore une tache que je n’avais pas vue.

Il prend une cuvette sur le canapé et frotte la tache.

Ah ! putains ! Va, elles pourraient pourtant bien faire attention. En voilà une qui ne s’est pas servie de capote. Mais, c’est vrai en ai-je pour ce soir ?

Il ouvre un tiroir et en sort une poignée de capotes.

Trois heures

Il compte doucement.

une, deux, trois.

Il en trouve une pleine de sang.

Ah ! je ne pourrai jamais nettoyer celle-là, six... sept,... dix, huit... En voilà une crevée.

Il l’examine et souffle dedans.

Ah malheur !... si elle a servi à Blondinette, en voilà un de pincé.

Il souffle dans une autre.

Ah ! celle là pourra resservir. Je crois que ce sera la dernière fois par exemple. Allons, nettoie, lave, brosse, frotte, savonne. Qui l’eut dit il y a cinq ans lorsque j’étais au séminaire. Ah ! misérable créature, qu’as-tu fait de moi ! Pourquoi le Ciel a-t-il voulu que je rencontrasse cette maudite petite blanchisseuse qui repassait alors mes surplis, et, grâce à laquelle j’en suis réduit maintenant à repasser des capotes. Sale métier, va ! les femmes, jusqu’où nous font-elles tomber !... Je ne pourrai jamais détacher celle là. Il est vrai qu’elle est encore plus bas que moi. Ah ! Raphaële, elle vit là dedans, sans remords et sans regret du passé. Et je l’aime toujours pourtant... En voilà une que j’ai oubliée. J’ai des distractions aujourd’hui. Malheureux Crête de Coq ! Elles m’ont nommé Crête de Coq, les gueuses. S’appeler Crête de Coq, quand je devrais aujourd’hui m’appeler l’Abbé Lecoq ! Ah ! les femmes, les femmes !

 

 

Scène III

 

CRÊTE DE COQ, UN VIDANGEUR

 

CRÊTE DE COQ, au vidangeur.

Qu’est-ce que vous voulez ?

LE VIDANGEUR.

Je viens pour vider les caca, les cabinets... Je suis le vi... le vi... le vi...

CRÊTE DE COQ.

Quel vit ?

LE VIDANGEUR.

Le vidangeur.

CRÊTE DE COQ.

C’est pas l’heure.

LE VIDANGEUR.

C’est tou... toujours à cette heure qu’on... à cette heure qu’on les vide.

CRÊTE DE COQ.

Pas ici, puisqu’on travaille la nuit.

LE VIDANGEUR.

Je vais attendre qu’on ait fini le tra... tra... le travail.

CRÊTE DE COQ.

Allez-vous en. C’est impossible. Allons, foutez-moi le camp, vous m’emmerdez.

LE VIDANGEUR, en colère.

Non, Monsieur, je n’emmé... merde pas... Au con... au con... au contraire, je désemmerde ! Je désemmerde !

CRÊTE DE COQ.

Vous verrez, Monsieur, tout à l’heure. Allez vous en.

Le vidangeur sort.

 

 

Scène IV

 

CRÊTE DE COQ, MICHÉ, MONSIEUR et MADAME BEAUFLANQUET

 

MICHÉ, saluant cérémonieusement.

Parfaitement, Monsieur. Mais à qui ai-je l’honneur de parler ?

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Monsieur Beauflanquet, Maire de Conville, et Madame Beauflanquet, mon épouse.

MICHÉ.

C’est bien vous, qui venez de la part de Monsieur Léon. Je vous assure que vous ne regretterez pas d’être descendus dans ma maison.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Nous espérons, Monsieur, être descendus dans un bon hôtel. Donnez-nous une belle chambre, deux lits et un cabinet de toilette.

MICHÉ.

Oui, Monsieur, n’ayez pas peur.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

La maison est tranquille n’est-ce pas ?

MICHÉ.

Très tranquille. Vous pouvez dormir sur les deux oreilles.

MADAME BEAUFLANQUET.

Ah ! mon ami, je crois que Léon a très bien fait de nous envoyer ici.

MICHÉ, à Crête de Coq.

Conduis Madame et Monsieur à la chambre jaune.

Ils sortent.

 

 

Scène V

 

MICHÉ, LE VIDANGEUR

 

MICHÉ.

Qu’est-ce que vous demandez ?

LE VIDANGEUR.

Je veux la clé, clé... la clé au...

MICHÉ.

Qui ? Cléopâtre ? Elle est à Saint-Lazare.

LE VIDANGEUR.

Non, la clé au caca, aux ca... cabinets...

MICHÉ.

Mais, mon brave homme, vous reviendrez à quatre heures du matin, ce n’est pas à cette heure qu’on peut vider ça ici.

LE VIDANGEUR.

C’est qu’à cette heure-là, je serai pas occu... occu... occupé.

MICHÉ.

Bon, vous reviendrez, allez...

LE VIDANGEUR.

Faire aller les gens... gens comme ça. Si c’est pas à faire pi... pi... pitié.

Miché le pousse et le vidangeur sort.

 

 

Scène VI

 

MICHÉ, CRÊTE DE COQ

 

MICHÉ, sentant sa main.

Pouah ! Pouah ! faut-il qu’il y ait des gens assez peu dégoûtés pour faire des métiers pareils.

CRÊTE DE COQ, entrant.

Qu’ qu’ ça veut dire tout ça ? Quels sont les gens que je viens de conduire ?

MICHÉ.

C’est un bourgeois que Monsieur Léon m’envoie à cause de la bourgeoise qu’il veut baiser.

CRÊTE DE COQ.

Il a bien une tête de cocu le Monsieur. Mais comment allez-vous arranger ça vous ? Faut prendre garde à la rousse.

MICHÉ.

Je m’en fous pas mal. Je ferai payer le mari et l’amant, le reste ne me regarde pas. Ma foi, c’est une bonne affaire.

Il se frotte les mains.

CRÊTE DE COQ.

Quel homme heureux ! Il vit là dedans comme un poisson dans l’eau.

MICHÉ.

Qu’est-ce que tu parles de poisson ? toi. Pas de plaisanterie. S’il vous plaît, Monsieur Crête de Coq.

CRÊTE DE COQ.

Moi, Monsieur, rien

À part.

on ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu.

 

 

Scène VII

 

MICHÉ, CRÊTE DE COQ, LÉON

 

LÉON.

Bonjour, Miché.

MICHÉ.

Monsieur Léon, votre serviteur.

LÉON.

Vous avez dû recevoir un Monsieur et une Dame que j’ai envoyés chez vous. Vous trouverez bien un moyen d’entortiller le mari.

MICHÉ.

Ah ! ah ! je vous vois venir. Vous êtes encore un mari vous. Mes compliments. Pas mal... la bourgeoise.

LÉON.

Que voulez-vous ? Je sais bien que c’est raide de l’envoyer ici. Mais j’ai une envie folle de coucher avec elle, je n’ai pas d’autres moyens d’y arriver... Votre complaisance est bien rémunérée.

MICHÉ.

Oh ! comptez sur moi ! Je ferai mon possible, tout en regrettant que mon établissement ne vous suffise pas.

LÉON.

Vos femmes sont charmantes, mais une femme du monde ! Voyez-vous, c’est autre chose. Cette femme qui se donne, se livre, qui vous appartient tout entière. Voilà la femme comme je voudrais en posséder une.

MICHÉ.

Bougre ! Il vous faut du soigné à vous. On vous en foutra des bourgeoises. Enfin je suis votre homme.

LÉON.

Si ça réussit, vous savez, donnant donnant... Maintenant faites moi monter une bouteille de champagne et un poulet froid, car je crève de faim.

MICHÉ.

Bonne affaire.

Léon et Crête de Coq sortent.

 

 

Scène VIII

 

MICHÉ, UN BOSSU

 

MICHÉ.

Connaissez-vous une de ces dames ?

LE BOSSU.

Non Monsieur. Mais je ne demande pas mieux que de faire connaissance.

MICHÉ.

Je vais faire descendre ces dames.

Il sort.

 

 

Scène IX

 

LE BOSSU

 

Le bordel, il n’y a que ça de vrai, d’abord. Les femmes du monde, j’en ai goûté, mais n’en faut plus. Quand on est empêtré d’une, on ne peut plus s’en débarrasser, et puis avec ces mijaurées, faut un tas de façons, faut payer de sa personne. Moi, j’aime pas me mettre en habit noir. Et puis, faut prendre un tas de précautions pour pas les compromettre, sans compter qu’il y a des jours où ça fait sa poire, tandis que ici les femmes sont toujours aussi aimables.

Les femmes entrent.

 

 

Scène X

 

LE BOSSU, RAPHAËLE, BLONDINETTE, FATMA

 

LES FEMMES

Bonjour, Monsieur.

LE BOSSU.

Mesdames, je vous présente mes respects.

RAPHAËLE.

Faites votre choix, Monsieur, nous sommes très aimables, très polissonnes, très cochonnes.

LE BOSSU.

Je n’en doute pas, Mesdames, je n’en doute pas. Rien qu’à vous voir, on le devine.

RAPHAËLE.

Est-il assez mignon ce petit là ! Est-il assez gentil ! Allons décidez vous. Choisissez une de nous.

LE BOSSU.

C’est que je suis très embarrassé pour choisir.

RAPHAËLE.

À votre place je ne serais pas embarrassée.

LE BOSSU.

Comment ça ?

RAPHAËLE.

Je prendrais Raphaële.

LE BOSSU.

Ah ! très joli... très joli...

RAPHAËLE.

En attendant que tu choisisses, payes-tu quelque chose ?

LE BOSSU.

Oh merci. J’ai pas soif. Je prends jamais rien entre mes repas.

FATMA.

Est-il gentil cet amour là. Allons décide-toi mon Apollon.

LE BOSSU.

Ah ! tu me fais rougir.

FATMA.

Tu dois être de Chartres, toi.

LE BOSSU.

Pourquoi ça ?

FATMA.

Parce que tu es de la Beauce.

LE BOSSU, piqué.

Toi, tu dois être d’Asnières.

FATMA.

Pourquoi ça ?

LE BOSSU.

T’as bien sûr avalé un rat mort du Grand Collecteur.

FATMA.

As-tu fini Chameau !

RAPHAËLE.

Allons viens, mon bébé.

LE BOSSU.

Toi, tu me chausses, t’as l’air bonne fille et puis t’as de ça.

RAPHAËLE.

Et puis, j’ai des talents particuliers.

LE BOSSU.

Ça, ça me botte, parce que j’aime la partie entière.

RAPHAËLE.

Viens, tu me le mettras comme tu voudras.

LE BOSSU.

Allons, allons, toi tu me débauches.

CRÊTE DE COQ, entrant avec accablement.

Toujours Raphaële !

Au bossu.

Faut-il une sûreté ?

LE BOSSU.

Oui, c’est jamais nuisible.

Il examine les capotes.

CRÊTE DE COQ.

Monsieur veut-il régler ?

Le bossu paye.

Monsieur n’oubliera pas le garçon.

LE BOSSU.

Sois tranquille, j’oublierai jamais ta physionomie.

Il sort avec Raphaële.

Crête de Coq fait un mouvement désespéré.

 

 

Scène XI

 

MICHÉ, CRÊTE DE COQ, FATMA, BLONDINETTE, MADAME BEAUFLANQUET

 

CRÊTE DE COQ, versant l’argent dans les mains de Miché.

Une passe à Madame Raphaële.

MADAME BEAUFLANQUET, qui entre.

Il me semble que j’ai entendu la voix de Monsieur Léon.

MICHÉ.

Oui, Madame, il vient d’arriver et je crois qu’il sera bien aise de vous voir.

MADAME BEAUFLANQUET.

Mon mari, pendant que je déballais mes effets, s’est couché et s’est endormi, je vais le réveiller pour qu’il voit son cousin.

MICHÉ.

Ce n’est pas la peine, je vais y aller.

MADAME BEAUFLANQUET, apercevant Fatma et Blondinette.

Ah ! ces dames, quel singulier costume !

MICHÉ, se grattant l’oreille, à part.

Ah diable !

Haut.

Oui, Madame je vais vous expliquer. Ces dames font partie de l’Ambassade Turque, Son Excellence Monseigneur l’Ambassadeur a bien voulu me confier la garde de son harem.

MADAME BEAUFLANQUET.

Ah ! ce sont des dames turques et elles parlent.

MICHÉ.

Elles emploient toutes les langues.

À part.

Hum !

Haut.

Ah ! pardon elles parlent le français comme vous et moi.

CRÊTE DE COQ, entrant.

Monsieur Miché, le bossu se dispute avec Mademoiselle Raphaële.

MICHÉ.

Ah ! l’asticot ! là, attends moi.

Il frappe sur ses bras et sort.

 

 

Scène XII

 

RAPHAËLE, FATMA, BLONDINETTE, MADAME BEAUFLANQUET, CRÊTE DE COQ

 

RAPHAËLE, entrant, à elle-même.

Cet animal là sous prétexte qu’il a déchargé dans sa culotte, il ne voulait pas me donner mes gants.

Elle met son argent dans son bas. Elle aperçoit Madame Beauflanquet.

Tiens une nouvelle.

Madame Beauflanquet la salue.

As-tu fini tes manières !

MADAME BEAUFLANQUET.

Mesdames, j’avais beaucoup entendu parler de l’intérieur des harems, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’en visiter.

RAPHAËLE.

Ah ! c’est la première fois que vous entrez dans une maison.

MADAME BEAUFLANQUET.

Turque... oui. Madame.

RAPHAËLE.

Cependant vous avez souvent vu du monde.

MADAME BEAUFLANQUET.

Ah ! oui. Madame.

RAPHAËLE.

Vous avez fait toutes les positions ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Non, Monsieur Beauflanquet n’en a jamais changé.

RAPHAËLE.

Qui ça Beauflanquet ? Connais pas ce maquereau-là.

MADAME BEAUFLANQUET.

Maquereau. Ce doit être un titre turc.

RAPHAËLE.

Faites-vous bien feuille de rose ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Feuille de rose !

À part.

ah oui des confitures de Turquie

Haut.

je n’en ai jamais mangé.

Les femmes se mettent à rire.

FATMA.

Elle ne connaît pas feuille de rose ! Qu’est-ce qu’elle fait alors ?

RAPHAËLE.

Et petit salé alors ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Ah ! ça oui.

RAPHAËLE.

Vous connaissez la levrette ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Oui.

RAPHAËLE.

Le postillon – le gamin – soixante-neuf – la paresseuse – la brouette ?

MADAME BEAUFLANQUET, étonné.

Oui, je connais ces choses

À part.

quelles drôles de question font les femmes de Turquie. On m’avait dit aussi que les odalisques étaient d’une ignorance.

RAPHAËLE.

Elle me va cette petite femme là. Aimez-vous à bouffer le chat ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Oh ! j’adore les chats.

RAPHAËLE.

Ah ! bien puisque nous avons les mêmes goûts, je vous offrirai le mien.

MADAME BEAUFLANQUET.

Je ne demande pas mieux. Je suis très privée quand je n’en ai pas.

RAPHAËLE, la caressant.

Nous nous entendrons très bien, ma mignonne.

MICHÉ, entrant avec Crête de Coq.

Madame, Monsieur Léon vous attend.

MADAME BEAUFLANQUET.

Et mon mari !

MICHÉ.

Ne vous inquiétez pas, je l’ai prévenu.

Madame Beauflanquet et Crête de Coq sortent.

 

 

Scène XIII

 

RAPHAËLE, MICHÉ, FATMA

 

MICHÉ.

Allons, mes enfants, il s’agit aujourd’hui de vous signaler. Je livre une bataille et je ferai donner ma vieille garde.

FATMA.

Ah ! bien vous êtes poli, vous.

MICHÉ.

Faites pas attention. C’est un à-propos historique. Allons écoutez-moi, il y a ici un particulier que je suis chargé d’occuper pendant une heure ou deux. S’il vient à fourrer son vilain museau par ici, tâchez de me le travailler proprement ; faut pas qu’il sorte ; il y a gros à gagner pour tout le monde, et s’il fait le méchant, on s’en charge.

RAPHAËLE.

Soyez tranquille.

CRÊTE DE COQ, entrant.

Y a du monde. C’est le Capitaine.

 

 

Scène XIV

 

RAPHAËLE, MICHÉ, FATMA, LE CAPITAINE

 

MICHÉ.

Allons placez vous, mes enfants. Un petit tableau là bien réussi.

LE CAPITAINE.

Eh bien ! les enfants et le service. On est toujours solide au poste.

RAPHAËLE.

Toujours Général.

LE CAPITAINE, faisant un geste d’escrime.

Est-on prêt pour un petit assaut ?

RAPHAËLE, imitant son geste.

Certainement Général, à vous l’honneur.

LE CAPITAINE.

Je n’en ferai rien.

RAPHAËLE.

Par obéissance.

LE CAPITAINE.

Fendez-vous.

Les femmes l’entourent et le pelotent.

Allons finissons, vous savez bien que je n’aime pas ces manières-là. Je n’ai pas besoin d’être excité, moi ; je ne suis pas comme vos blancs becs et vos petits crevés.

FATMA.

Allons, Général, choisissez.

LE CAPITAINE.

Voyons, formons les rangs.

Élevant la voix.

Garde à vous, peloton.

RAPHAËLE.

Pelotez, Général.

LE CAPITAINE.

Toujours spirituelle cette belle. À droite alignement, fixe. Peloton, tour droite – Beau cul la première – Peloton tour droite – Numéro 1 trois pas avant, marche.

RAPHAËLE fait trois pas en avant.

Merci du choix, mon Général.

CRÊTE DE COQ, à part.

Encore Raphaële !

Au Capitaine.

Le mot de passe, mon Général.

Le Capitaine paie.

Voulez-vous un fourreau pour votre sabre ?

LE CAPITAINE, refusant une capote que lui offre Crête de Coq.

Jamais. Est-ce que je me sers de cette machine là ! Est-ce qu’on met son sabre au fourreau pour aller à la charge ?

CRÊTE DE COQ, à part.

À la décharge.

 

 

Scène XV

 

FATMA, BLONDINETTE, CRÊTE DE COQ, MICHÉ

 

CRÊTE DE COQ.

Une passe à Madame Raphaële.

MICHÉ.

Elle travaille bien, Raphaële.

FATMA.

A-t-elle de la chance, cette grue-là !

BLONDINETTE.

Il n’y en a que pour elle.

FATMA.

On peut pourtant se vanter de travailler aussi bien.

CRÊTE DE COQ.

Est-ce qu’il y en a une de vous qui peut la dégoter ?

FATMA.

On dirait qu’on la prend au poids, cette vache là, elle ferait mieux de se montrer à la foire.

CRÊTE DE COQ.

Tais-toi, avec tes salières et tes jambes de pincettes, toi quand t’embrasses les gens, ils croient recevoir des coups de bâton.

MICHÉ.

Allons, est-ce fini tout ça ? Si je n’avais que vous, je serais frais ; il n’y a qu’elle qui fasse aller les affaires ici.

CRÊTE DE COQ.

Monsieur rend justice au mérite.

FATMA.

Eh ! va donc veau.

CRÊTE DE COQ.

Quand tu auras autant de talent qu’elle, tu pourras parler.

FATMA.

Des talents ? Comme si on avait à m’en remontrer.

CRÊTE DE COQ.

Je sais bien que tu as pour toi l’expérience de l’âge, tu as peut-être couché avec Mathusalem.

MICHÉ.

Allons, taisez-vous, est-ce fini ce chahut là ?

FATMA.

C’est lui qui m’engueule ct’égoutteur de goupillon.

MICHÉ, à Fatma.

Veux-tu bien te taire.

CRÊTE DE COQ.

Pourquoi débine-t-elle Raphaële, cte sale garce ?

MICHÉ, à Crête de Coq.

Est-ce fini !

FATMA.

Faudra-t-il pas prendre des gants pour parler de ta foutue rouchie ?

CRÊTE DE COQ, furieux.

Répète ça, je te fous mon poing sur la gueule.

FATMA.

Toi ?

CRÊTE DE COQ.

Oui, moi.

MICHÉ, les séparant.

Voyons, j’vas vous régler bougre d’arsouilles.

CRÊTE DE COQ.

Monsieur a raison. La colère est mauvaise conseillère, elle vous fait perdre la tête. C’est ma faute après tout et je confesse mes torts humblement, car c’est moi qui devrais donner le bon exemple ici. Fatma, veux-tu me donner la main ? Sachons pardonner les offenses et n’oublions pas qu’il ne faut jamais faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fit. Au lieu de médire de notre prochain, efforçons nous...

FATMA, riant.

Allons, zut ! Voilà l’abbé qui prêche. Merde.

MICHÉ.

Attention, on entre.

 

 

Scène XVI

 

FATMA, BLONDINETTE, CRÊTE DE COQ, MICHÉ, RAPHAËLE, UN MARSEILLAIS

 

RAPHAËLE, rentrant.

À la bonne heure ! V’là un homme que j’aime ; il vous fait ça en deux temps.

UN MARSEILLAIS, entrant.

Et bonjour mes toutes belles.

LES FEMMES.

Entrez donc, très aimables, très polissonnes, très cochonnes.

LE MARSEILLAIS.

Eh ! ze sais bien que vous zêtes là pour ça, troun de l’air. Il ne manquerait plus que vous nè zoyez coçonnes, et autremain perzonne ne viendrait vous voir, pécaïre.

Les Femmes l’entourant.

RAPHAËLE.

Choisis mon petit chéri.

LE MARSEILLAIS.

Eh ze zais bien. Et comment voulez-vous que zé zoizisse, vous zètes toutes merveilleusement belles. Je suis très zembarrassé troun de l’air, vous zétes toutes çarmantes.

RAPHAËLE.

Moi à votre place je ne serais pas embarrassée.

LE MARSEILLAIS.

Et ques aco ?

RAPHAËLE.

Je choisirai Raphaële.

LE MARSEILLAIS.

Raphaële, c’est vous, je parie ; ze demande à voir les pièces.

RAPHAËLE.

Venez-vous.

LE MARSEILLAIS.

Et qu’est-ce que tu veux que ze fasse de ça ? Ze ne pourrai seulement pas y fourrer mon petit doigt. À la bonne heure à Marseille pécaïre ! Vous ne connaissez pas la Canebière. C’est là qu’il y a de belles femmes. Elles vous zen ont de grandes comme mon chapeau. Troun de Dieu ! Et à la bonne heure on peut foutre là dedans.

MICHÉ.

Allons, blagueur, on la connaît la Canebière, comme s’ils étaient plus forts que d’autres les vits marseillais !

LE MARSEILLAIS.

Les vits de marseillais, mon bon ! C’est comme le beaupré d’un navire. Eh couillon ! Que je ne vous plaindrais pas si vous en aviez un entre les fesses, troun de l’air !

MICHÉ.

Moi non plus.

LE MARSEILLAIS.

Sans compter que vous en auriez un fameux cul pour le recevoir ! Un vit de Marseillais, tenez, moi qui vous parle, quand je bande, ze suis terrible, et ze bande toujours. Une fois, mon bon, zavais coucé avec une femme, la malheureuse, ze la fous, ze la bifous, ze la trifous, ze la refous, et quand zai eu fini, à la dizoutième fois, sans débrider, couillon, je m’aperçois qu’elle était morte. Mon vit lui avait percé le vaintre, et le médecin, qui a constaté le décès, a reconnu qu’elle avait été étouffé par mon vit qui lui était entré dans la gorge.

FATMA.

Eh bien merci, tu peux te fouiller que je baise avec toi.

MICHÉ, blaguant.

Eh bien, et moi, et bibi, dans un incendie un jour je monte au quatrième étage d’une maison qui était en feu. Il y avait quatre personnes à sauver. Je mets le mari sur mon dos, je prends le père de la main droite, la mère de la main gauche, restait la femme, comment faire ? Je te la fous à cheval sur mon vit, et en descendant l’escalier, sans m’arrêter, je la baise quatre fois, une fois à chaque étage.

CRÊTE DE COQ.

Tiens, Monsieur, il bande comme l’obélisque.

LE MARSEILLAIS.

L’obélisque ! ze lui rendrais des points, pécaïre ! une fois même que je devais me marier.

RAPHAËLE.

Ah ! vous êtes marié.

LE MARSEILLAIS.

Oh ! zai le bonheur d’être veuf. Ma future me donnait de telles tentations tout le temps que ze lui faisais la cour que quand, rentré dans ma chambre le soir, ze voulais pisser dans mon pot, impossible, mon vit restait en l’air. Z’aurais mouillé tout le plafond, c’était zénant, qu’est-ce que vous z’auriez fait vous ?

CRÊTE DE COQ.

Moi je sais pas.

MICHÉ.

J’aurais pissé par la fenêtre.

LE MARSEILLAIS.

Et les voisins pécaïre ! Moi, ze mettais mon vit dans la ceminée et ze pissais par dessus les toits troun de l’air !

MICHÉ.

Eh bien ! je vais vous en montrer un comme vous n’en avez jamais vu. C’est le vit de mon grand’père que j’ai fait empailler. C’est tout ce qu’il m’a laissé, et vous verrez comme on est membre dans ma famille.

À Crête de Coq.

Va, découvre l’objet.

Crête de Coq ouvre les rideaux du fond. On aperçoit un immense vit en carton accroché au mur.

LE MARSEILLAIS.

Ah ! z’avoue que je n’en ai jamais vu de pareils. Et quand il bandait il devait être bien beau.

MICHÉ.

Mesdames, par la puissance de vos charmes rendez lui sa vigueur première.

Les femmes font des passes avec des plumes de paon et dansent un pas d’almée autour du phallus, tandis que Crête de Coq par un mécanisme lui fait prendre la pose de l’érection.

LE MARSEILLAIS.

Ah ! ze n’y tiens plus ! viens bougresse !

CRÊTE DE COQ.

Raphaële ! C’est impossible, il va la crever.

RAPHAËLE.

T’es bête, j’en ai vu bien d’autres.

Miché sort. Crête de Coq et les femmes veulent le suivre.

LE MARSEILLAIS.

Bé ! Ze les prendrais bien toutes.

À Crête de Coq montrant le phallus.

Toi, reste, tu vas faire aller le roquentin. Vous les garces, faites moi un petit tableau là-bas.

Il essaye de baiser Raphaële.

CRÊTE DE COQ, faisant aller la manivelle.

Ah ! malheur, quel supplice ! Ça me rappelle le temps où je sonnais les cloches ; ah ! Raphaële ! quel supplice ! Comme elle y va ! Et puis avec moi, elle ne voudra plus.

Le Marseillais pète en baisant.

RAPHAËLE.

Ce sacré Marseillais ! il blague toujours.

LE MARSEILLAIS.

Hé ! tou me fais rire, ze ne jouis pas.

RAPHAËLE.

Allons donc !

LE MARSEILLAIS.

Eh ! non, ze ne jouis pas. Ze ne sais comment ça se fait. C’est la première fois que ça m’arrive.

RAPHAËLE.

Ce n’était pas la peine de blaguer tant.

Elle se relève.

LE MARSEILLAIS.

Eh ! ma bonne, on fait ce qu’on peut, pécaïre...

Il regarde son vit.

RAPHAËLE.

Ce n’est pas naturel ça. Qu’est-ce que tu as, cochon ? Tu as la vérole.

LE MARSEILLAIS.

Hé ! ce n’est rien, c’est de naissance.

CRÊTE DE COQ, épouvanté lui apporte une cuvette.

Allons bon, lave-toi bien vite.

LE MARSEILLAIS.

Mesdames, je vous salue.

LES FEMMES

Et nos gants, nos gants.

LE MARSEILLAIS.

Hé ! foutues garces que vous êtes, vous m’emmerdez, vous foutre de l’argent pour ne rien faire !

Au public.

C’est la première fois que ça m’arrive.

Il se sauve.

RAPHAËLE.

Eh ! va donc couille molle ! Chameau de la Canebière.

 

 

Scène XVII

 

MICHÉ, MONSIEUR BEAUFLANQUET

 

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Vous n’avez pas vu Madame Beauflanquet ?

MICHÉ.

Pardon, Monsieur, elle était ici il n’y a qu’un instant. Elle est en ce moment dans les appartements particuliers de ces dames, qu’avec l’agrément de Son Excellence Monseigneur l’Ambassadeur de Turquie, je lui ai octroyé la permission de visiter.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, apercevant les femmes.

Ah ! ces dames !

MICHÉ.

Le harem de Son Excellence !

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Ah !

MICHÉ.

Je vais vous dire, les appartements de l’ambassade n’étant pas encore disposés, Son Excellence m’a chargé de la garde de son harem.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Mesdames, je suis vraiment confus, je ne m’attendais pas à cette heure avancée à rencontrer l’honneur de votre Compagnie. Excusez, je vous prie, l’irrévérence de mon vêtement.

Il est en robe de chambre.

MICHÉ.

Pas du tout, Son Excellence n’est jamais plus couverte que cela, et souvent elle l’est moins.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, minaudant.

Pour cela il faudrait avoir les privilèges de Son Excellence. Il est vrai que je ne demande pas mieux.

RAPHAËLE, riant.

Demande, mon chouchou.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, stupéfait.

Hein ?

MICHÉ.

Ne vous étonnez pas, Monsieur. Vous comprendrez que ces dames qui n’ont jamais en fait vu d’homme que Son Excellence, soient accoutumées à une certaine liberté de propos et d’allures qui est sans inconvénient en pareil cas.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

C’est vrai

Avec épouvante.

mais je me suis laissé dire qu’on tranchait impitoyablement la tête de tout individu qui entrait dans un harem. Croyez bien, Monsieur que c’est absolument par mégarde que je l’ai fait.

Il veut se retirer.

MICHÉ.

Oui, Monsieur, cela se fait en Turquie, mais en France on est moins féroce. D’ailleurs, comme ces dames sont exclusivement confiées à ma garde, c’est moi que ce soin concerne. C’est la première fois du reste que ce cas se présente et grâce à votre générosité, je serai moins sévère.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Mais, si vous en parliez. Qu’arriverait-il ?

MICHÉ.

Vous seriez abandonné à la vengeance des autorités turques.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Et qu’est-ce qu’elles feraient les autorités turques ?

MICHÉ.

Elles vous trancheraient la tête, Monsieur.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, à part.

Ah ! diable.

Il glisse deux louis à Miché qui s’incline profondément.

MICHÉ.

Si vous désirez, Monsieur, causer particulièrement avec ces dames, je vous laisserai un instant seul avec elles, je suis aveugle et muet.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Vous êtes trop bon, Monsieur. Je serai véritablement heureux de connaître les détails de la vie dans un harem.

À part.

Comme c’est bien turc ce costume-là. Ce n’est pas en France qu’on trouverait ça.

MICHÉ.

Si vous désirez quelques rafraîchissements, vous sonnerez, je me retire.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Qu’est-ce qu’elles ont l’habitude de boire ces dames ? Ce doit être des sirops à l’essence de fleurs.

MICHÉ.

Précisément.

À Crête de Coq.

Sers trois bocks et un verre de schnick pour Raphaële.

CRÊTE DE COQ.

On y va boum !

Il sort avec Miché.

 

 

Scène XVIII

 

LES FEMMES, MONSIEUR BEAUFLANQUET

 

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Mesdames, je vous prie de croire que jamais serviteur plus empressé et plus respectueux ne s’est incliné devant vous.

RAPHAËLE.

Toi, t’es bien gentil, mais t’as l’air bête. Allons, mets toi là. Qu’éque tu veux qu’on te fasse ?

MONSIEUR BEAUFLANQUET, assis entre Raphaële et Fatma.

C’est un bien beau pays que la Turquie avec ses tours, ses minarets, ses harems, ses forêts vierges.

RAPHAËLE.

De quoi ! des vierges, tu ne trouveras pas ça ici, mon vieux.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, minaudant.

Il paraît que Son Excellence l’Ambassadeur a bien défriché ses bois, c’est une belle place ça ambassadeur ; moi je suis Maire de Conville.

FATMA.

Comment dites-vous ça ?

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Maire de Conville, en Normandie, c’est comme qui dirait dans votre pays pacha. Oui, c’est ça pacha de Conville, pacha.

RAPHAËLE.

Qu’est-ce que tu veux faire ? Si tu n’aimes pas le chat, faut-il te tailler une plume ?

Raphaële le pelote d’un côté et Fatma de l’autre.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, à part, faisant des petits sauts.

Quelle aventure ! il me paraît qu’elles me trouvent bien.

Haut.

Ah ! Mesdames je suis...

À part.

elles sont enragées ces turques !

CRÊTE DE COQ, entrant avec les consommations et sur le point de laisser tout tomber.

Encore Raphaële ! je ne m’y accoutumerai jamais !

Il dispose ses verres sur la table et se sauve.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, se relevant.

Ah ! Mesdames, après cela on peut bien...

Il saisit Raphaële qui se met en levrette.

Je commets un adultère, mais bah ! une turque.

CRÊTE DE COQ, sur la porte.

Attention ! V’là quelqu’un.

Monsieur Beauflanquet se relève d’un bond et se sauve déculotté.

 

 

Scène XIX

 

LES FEMMES, UN JEUNE HOMME, CRÊTE DE COQ

 

LES FEMMES.

Entre donc mon petit mignon, mon bébé, mon petit chéri, très polissonnes, très cochonnes, entre donc mon petit chéri, entre donc.

CRÊTE DE COQ.

Entrez donc, Monsieur, ces dames sont très aimables.

LE JEUNE HOMME, restant à la porte.

J’entrerai, si je veux, laissez-moi donc tranquille.

LES FEMMES.

Très polissonnes, très cochonnes.

CRÊTE DE COQ.

Entrez donc, Monsieur, vous serez bien content.

LES FEMMES.

Très polissonnes. Entrez donc, mais entrez donc.

Le jeune homme s’en va sans rien dire.

LES FEMMES, toutes ensemble.

Eh bien ! va chier !

MICHÉ, entrant.

Eh bien ?

CRÊTE DE COQ.

Il est parti.

MICHÉ.

Qu’est-ce qui m’a foutu des garces comme ça, vous laissez partir les gens, maintenant. Eh bien, ça va mal.

CRÊTE DE COQ.

Voilà un militaire ; faut-il le laisser entrer ?

MICHÉ.

Faut voir. Il a peut-être le sac. Essayez toujours et tâchez d’être plus à la coule.

 

 

Scène XX

 

LES FEMMES, CRÊTE DE COQ, UN SAPEUR

 

LE SAPEUR.

Voulez-vous monter ?

LES FEMMES.

Qui ça ? Moi ? Moi ? Choisissez bel homme, très polissonnes, très cochonnes.

LE SAPEUR.

Ah ! que je me fous de choisir. Pour ça une vaut l’autre.

RAPHAËLE.

C’est égal, choisissez mon beau blond, prenez Raphaële.

FATMA.

Prenez Fatma.

BLONDINETTE.

Prenez Blondinette.

LES FEMMES.

Très polissonnes, très cochonnes.

LE SAPEUR.

Que ça m’est égal, itérativement.

RAPHAËLE.

Eh ! tu nous couillonnes !

LE SAPEUR.

Oh ! non vu que les femmes elles ne sont pas subreptibres de la couillonnade subséquemment.

RAPHAËLE.

Allons, viendrez-vous ?

LE SAPEUR.

Que si vous voulez monter, la grosse, que je serai votre Cupidon.

CRÊTE DE COQ.

Toujours Raphaële ! Militaire, il faut payer avant.

LE SAPEUR.

Voilà, voilà.

Il tire son mouchoir et prend l’argent dans un coin.

CRÊTE DE COQ.

Allons, militaire.

LE SAPEUR.

Que j’obtempère à votre demande itérativement. Que voilà vingt sous.

CRÊTE DE COQ.

Vingt sous ! vous vous foutez de nous.

LE SAPEUR.

Qu’il y a dix sous pour la maison et dix sous pour la fille.

CRÊTE DE COQ.

Mais ici, c’est cinq francs pour la maison.

LE SAPEUR.

Cent sous pour la maison, macache ! Mais à Courbevoie que c’est dix sous pour la maison et qu’on donne si on veut, à la fille toujours aimable avec les sapeurs subséquemment.

CRÊTE DE COQ.

Enfin ici c’est cinq francs.

LE SAPEUR.

Que je suis dépourvu de ce numéraire, itérativement, rendez-moi mon argent.

CRÊTE DE COQ.

Les voilà vos vingt ronds.

LE SAPEUR.

Que vous n’auriez pas un bidon, un vase, dans lequel on urine pendant la nuit.

CRÊTE DE COQ.

Un pot de chambre. Voilà !

LE SAPEUR, à Raphaële.

Que vous seriez aimable pour pisser quelques gouttes dans le vase.

RAPHAËLE.

Pourquoi ça ?

Elle pisse.

Voilà.

Le sapeur prend le vase et s’apprête à déboutonner sa culotte.

Il va se branler dedans.

LE SAPEUR.

Que je vais lui faire boire le bouillon puisque la viande, elle est trop chère subséquemment.

CRÊTE DE COQ.

Allons, laissez ça, sortez d’ici, si vous ne voulez pas payer.

LE SAPEUR.

Cent sous, macache ! C’est trop besef.

Il sort.

 

 

Scène XXI

 

MICHÉ, LES FEMMES, CRÊTE DE COQ

 

MICHÉ.

Eh bien ! qu’est-ce qu’il y a ?

CRÊTE DE COQ.

C’est un militaire qui ne voulait payer que dix sous comme à Courbevoie

À part.

dix sous Raphaële !!

RAPHAËLE, à Miché.

Monsieur, pouvons nous remonter cinq minutes dans nos chambres ?

MICHÉ.

Allez dans vos chambres, si vous voulez, mais soyez prêtes à descendre aussitôt qu’on voudra.

Elles sortent suivies de Crête de Coq.

 

 

Scène XXII

 

MICHÉ, seul

 

Encore une tape ! Ça ne va pas ce soir. Si je n’avais pas l’affaire de Monsieur Léon, je ne ferai pas mes frais. Celle là c’est une bonne affaire. S’il y en avait souvent de pareilles, je ne tarderais pas à me retirer à la campagne. Quand j’aurai le sac j’achèterai une petite Maison à Bezons et je canote tout le temps, je ne vis que sur l’eau, ça me changera.

 

 

Scène XXIII

 

MICHÉ, UN ANGLAIS

 

L’ANGLAIS.

Bonjour, Monsieur.

MICHÉ, à part.

Ah ! un Anglais, bonne affaire.

L’ANGLAIS.

Je désire visiter l’établissement de vô.

MICHÉ.

À votre service, Monsieur.

L’ANGLAIS.

Je venais voir votre Muséum.

MICHÉ.

Hein ?

L’ANGLAIS.

Le Muséum.

MICHÉ.

Mais, Monsieur, je n’ai pas de Musée.

L’ANGLAIS.

Vous êtes bien Monsieur Miouchett.

MICHÉ.

Miché.

L’ANGLAIS.

Oh yes ! very good, Miché. Je venai voir votre Miousée de cire des figioures de femme acciouchant, des petites fesons dans l’alcool. Des amis à moa très bons garçons, très rigolos, avaient dit que c’était chez vô, Monsieur Miouchett.

MICHÉ.

Miché !

L’ANGLAIS.

Oh yes, very good, Miché.

MICHÉ, à part.

Oh quelle idée !

Haut.

je vais vous dire. J’ai bien un musée de cire, mais il n’est pas encore déballé.

L’ANGLAIS.

Déballé.

MICHÉ.

Oui, préparé, disposé, cela va demander un peu de temps.

L’ANGLAIS.

Oh ! je été pas pressé.

MICHÉ.

Et puis cela va occasionner des frais. Je ne puis vous le montrer que si vous êtes généreux.

L’ANGLAIS.

Oh ! je paierai à vô, ce que vô voudra. Tenez

Il tire de l’argent de sa poche. Miché le prend.

Aoh ! ça été cher.

À part.

Mais je verrai. En France je voye toujours ce que je voulé ; ce été cher, mais jé voyé.

MICHÉ.

Eh bien. Si vous voulez entrer dans le petit salon, je vous appellerai quand tout sera prêt.

L’ANGLAIS.

All right. Merci, Monsieur Miouchett.

MICHÉ.

Miché.

L’ANGLAIS.

Oh yes. Very good, Miché.

 

 

Scène XXIV

 

MICHÉ, LES FEMMES

 

MICHÉ.

Il y a gros à gagner. J’ai là un Anglais qui veut absolument que je lui montre un musée de cire. Placez vous sur les canapés et les chaises et surtout ne bougez pas ; fixes et immobiles.

Il les place en leur faisant prendre les poses de figures de cire dans un Musée anatomique.

Là comme ça. Bien. Ne bougez plus. Je vais le chercher.

 

 

Scène XXV

 

MICHÉ, LES FEMMES, L’ANGLAIS

 

L’ANGLAIS, examinant les femmes.

Aoh ! ce été très joli, très joli, très, très natiourel, très natiourel, all right, all right.

MICHÉ.

Toutes les figures sont moulées sur nature. C’est la représentation exacte du corps humain, vous pouvez voir, rien n’y manque.

L’ANGLAIS, regardant de près Raphaële.

Oh ! yes !

S’éloignant.

Elle avait même le odeur.

RAPHAËLE, à part.

Je crois bien, j’ai pété.

MICHÉ.

Si vous désirez le catalogue, c’est cinq francs en plus.

L’Anglais donne cinq francs et tend la main pour recevoir le catalogue.

Seulement je vais vous le dire de vive voix parce que je ne l’ai pas encore fait imprimer. Tenez, voilà un très beau sujet. C’est une jeune femme morte au bal à l’âge de dix-huit ans, appartenant à une grande famille et se trouvant enceinte. Pour dissimuler sa grossesse, elle se serrait dans son corset. Cela a déterminé une lésion des intestins, et elle est morte un soir, comme je vous le disais, en sortant du bal.

L’ANGLAIS, mélancolique.

Aoh ! comme il disait votre grand poète, elle aimé trop le bal, ça été ce qui l’avait faire miourir ! Je désiré maintenant vois les accouchements.

MICHÉ, à part.

Ah diable !

Haut, montrant Raphaële.

Tenez voilà la pièce qui nous sert pour les démonstrations.

L’ANGLAIS.

Mais je ne voyé pas le petit baby.

MICHÉ.

Je vais vous dire. Mes pièces sont si bien faites qu’elles exécutent toutes les fonctions du corps au naturel. Ce sujet a accouché ce matin et il faut maintenant quelque temps pour préparer une nouvelle expérience.

L’ANGLAIS.

All right ! on m’a dit que vous aviez dans votre miousee une pucelage.

MICHÉ.

Oh ! je n’ai jamais eu ça ici.

L’ANGLAIS.

Oh !

MICHÉ.

Jamais

L’ANGLAIS.

Alors je voulé voir les maladies de Vénus.

MICHÉ.

Oh ! ça je puis vous le montrer. J’ai ça justement depuis hier.

Montrant Blondinette.

Regardez, examinez, très beau modèle, toujours pris sur nature.

L’ANGLAIS.

Aoh ! je n’aime pas cette. Mais vous n’avez pas aussi des pièces masculines ?

MICHÉ.

Oui. J’en ai une très belle. Crête de Coq, montre l’objet.

Crête de Coq entre et ouvre le rideau du fond.

Voilà la pièce qui vous montre deux fois grossi le membre viril.

L’ANGLAIS, dansant la gigue devant.

Oh ! très joli, all right. Ah ! Monsieur Miouchett je été devenu très amoureux. Est-ce que je ne pourrai pas faire le amour sur cette...

Il désigne Raphaële.

MICHÉ.

Certainement. Seulement cela abîme toujours mes pièces et je ne peux le laisser faire que si je suis bien indemnisé.

L’Anglais paye.

CRÊTE DE COQ.

Voulez-vous une capote anglaise ?

L’ANGLAIS.

Oh non ! French kock coat ! Oh ! ce été pas la peine.

CRÊTE DE COQ, riant.

Faut toujours se méfier.

MICHÉ.

Et puis comme ça vous n’abîmerez pas le sujet.

L’ANGLAIS.

Aoh ! je le fesé par respect pour le art.

Crête de Coq lui donne la capote tachée de sang.

L’ANGLAIS.

Aoh ! pas cette.

L’Anglais en prend une autre et monte sur Raphaële.

CRÊTE DE COQ.

Bon. Encore Raphaële.

L’ANGLAIS, baisant.

Aoh ! très natiourel. All right, all right.

Se relevant.

Aoh, je été très satisfaite. Je reviendrai Monsieur Miouchett.

MICHÉ.

Miché.

L’ANGLAIS.

Oh yes, very good Miché. Je reviendrai.

L’Anglais sort, Miché aussi.

 

 

Scène XXVI

 

CRÊTE DE COQ, LES FEMMES

 

CRÊTE DE COQ.

Ah ! ma pauvre Raphaële, si tu savais quel coup ça vous donne de te voir toujours entre les bras de ces individus.

RAPHAËLE, lui jetant sa capote au nez.

Allons lave ça et tais-toi.

Crète de Coq sort.

 

 

Scène XXVII

 

LES FEMMES, MADAME BEAUFLANQUET

 

MADAME BEAUFLANQUET.

Monsieur Beauflanquet ne m’a pas demandée ?

RAPHAËLE.

Non, ma petite amie, vous pouvez être tranquille.

Aux autres.

Ce n’est pas toi qu’il a demandée.

MADAME BEAUFLANQUET, à part.

Ah ! quelle misérable je fais ! Ah ! Léon ! Aussi c’est avec le champagne qu’il m’a troublé la tête. Pourvu que je ne rencontre pas mon mari ! il me semble que s’il me voyait en ce moment, il lirait tout dans mes yeux. J’ai les nerfs dans un état !

RAPHAËLE.

Ah ! ma chère amie, que je suis aise de vous revoir ! Venez donc vous asseoir là, à côté de moi.

MADAME BEAUFLANQUET.

Vous êtes trop aimable, Madame.

RAPHAËLE.

Vous avez une taille charmante, et un pied adorable. Comment est le reste ? Vous n’êtes jamais venue à Paris ? Vous habitez toujours à la campagne ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Oui, Madame.

RAPHAËLE.

Mais vous devez vous ennuyer là-bas. Que faites-vous toute la journée ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Je m’occupe de ma maison.

RAPHAËLE, la pelotant tout doucement.

Ça ne vous déplaît pas ce que je fais-là ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Ah ! ah ! ah ! ah !

RAPHAËLE.

Attends, je vais te faire jouir.

Elle la gamahuche. Madame Beauflanquet se pâme. Raphaële se retire.

Veux-tu m’en faire autant, dis ?

MADAME BEAUFLANQUET.

Oh ! je n’ose pas. Il me semble que si les lumières étaient éteintes...

RAPHAËLE, aux femmes.

Voulez-vous éteindre les lumières.

On éteint les lumières.

 

 

Scène XXVIII

 

LES FEMMES, MADAME BEAUFLANQUET, MONSIEUR BEAUFLANQUET puis LÉON

 

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Je suis dans une excitation ! si je retrouvais cette odalisque.

Il entre à tâtons. Mouvement parmi les femmes. Il trouve sa femme, l’embrasse et l’entraîne sur un canapé.

MADAME BEAUFLANQUET.

Ah ! Léon !

MONSIEUR BEAUFLANQUET, avec éclat.

Madame Beauflanquet !

MADAME BEAUFLANQUET.

Mon mari ! ah !

Mouvement. Elle rencontre Raphaële à tâtons.

Ah ! sauvez-moi, sauvez-moi.

RAPHAËLE.

Laissez faire.

Elle cherche Monsieur Beauflanquet et l’attire dans ses bras.

Mais viens donc, pourquoi t’arrêtes-tu ? Qu’est-ce que tu as dit ?

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

C’est étonnant, je croyais que c’était ma femme.

Il commence à baiser Raphaële sur le canapé. Léon qui est entré à tâtons pendant le mouvement rencontre Madame Beauflanquet dans l’obscurité.

MADAME BEAUFLANQUET, effrayée.

Qui est là ?

LÉON.

C’est moi, viens.

MADAME BEAUFLANQUET.

Laissez-moi, laissez-moi.

Léon l’entraîne sur le canapé et il la baise.

 

 

Scène XXIX

 

LES FEMMES, MADAME BEAUFLANQUET, MONSIEUR BEAUFLANQUET, LÉON, MICHÉ

 

MICHÉ, entrant.

Qui est-ce qui a éteint les lumières, ici ? Vous savez bien que je n’admets pas ça. Crête de Coq, de la lumière !

Crête de Coq entre avec un flambeau.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Ma femme dans les bras de Léon !

MICHÉ.

Bougre, ça se complique.

Madame Beauflanquet s’évanouit.

LÉON, à Miché.

Cinq louis pour vous si vous me tirez de là.

Il se sauve.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, à sa femme.

Ah ! Madame, cette conduite criminelle aura son châtiment.

MICHÉ.

Son châtiment, Monsieur. Mais savez-vous bien que c’est vous qui méritez un châtiment. Songez à l’endroit où vous êtes, un harem, et à ce que vous venez d’y faire. Les lois turques m’y donnent tout pouvoir sur vous, et vous en connaissez la rigueur.

MONSIEUR BEAUFLANQUET.

Mais pourtant, Monsieur...

MICHÉ.

Si j’ai un conseil à vous donner dans votre intérêt, c’est d’éviter tout scandale, et d’étouffer cette affaire qui pourrait avoir pour vous les conséquences les plus graves et j’espère que vous saurez récompenser ma complaisance à votre égard.

MONSIEUR BEAUFLANQUET, après avoir payé, à sa femme.

Nous retournerons ce soir à Conville, Madame.

Ils sortent.

 

 

Scène XXX

 

LES FEMMES, LÉON, MICHÉ, LE VIDANGEUR

 

MICHÉ.

Qu’est-ce qu’il veut encore celui-là ?

LE VIDANGEUR, pochard.

Je ne viens pas pour vider les ca... ca... les ca... cabinets, j’ai renoncé au mé... au métier.

Chantant.

« Et je suis dégoûté de la merde,
Depuis que j’y ai trouvé un cheveu. »

MICHÉ.

Qu’est-ce que vous demandez, alors ?

LE VIDANGEUR.

Je veux une femme.

RAPHAËLE.

Ah bien ! par exemple !

CRÊTE DE COQ.

Il ne manquerait plus que ça.

FATMA.

Baiser avec toi, jamais.

MICHÉ.

Ça ne se peut pas. Allons, décampez.

LE VIDANGEUR.

De quoi, mon ar... mon ar... mon argent ne vaut pas celle d’un autre !

Il montre cent sous à Miché.

MICHÉ.

Dame, s’il paye.

RAPHAËLE.

Moi, je n’en veux pas.

FATMA.

Ni moi.

BLONDINETTE.

Moi non plus.

RAPHAËLE.

Il est trop dégoûtant.

MICHÉ.

Trop dégoûtant ! tas de bégueules !

Au vidangeur.

Je ne suis pas de cet avis là. Dites donc, l’ami, si vous vouliez que je fasse ça moi.

LE VIDANGEUR.

Avec ré... ré... réciprocité alors.

MICHÉ.

Tant que tu voudras.

LE VIDANGEUR.

Allons, viens ma vieille.

MICHÉ, soutient le vidangeur qui chancelle en chantant.

« Ah ! je suis dégoûté d’la merde,
D’puis qu’ j’ai trouvé d’ans un cheveu ! »

Miché et le vidangeur sortent.

 

 

Scène XXXI

 

LES FEMMES, CRÊTE DE COQ.

 

CRÊTE DE COQ, à Raphaële.

Ah ! Raphaële, ça va être mon tour maintenant.

RAPHAËLE.

Toi, allons donc ! Est-il emporté ce p’tit là. Il n’en a jamais assez. Tu peux te fouiller.

CRÊTE DE COQ.

C’est ça, faudra que je me branle encore, comme au séminaire. Ah ! Raphaële !

La toile tombe.

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