L’Actrice nouvelle (Philippe POISSON)

Comédie en un acte.

1734.

 

Personnages

 

LA BARONNE

LA COMTESSE

L’ACTRICE NOUVELLE

LE CHEVALIER

LE CONSEILLER

LE FINANCIER

L’ABBÉ BIDET

FRONTIN, valet de l’actrice

LISETTE, suivante de la Baronne

UN LAQUAIS du Conseiller

PLUSIEUR LAQUAIS de la Baronne

 

La scène est à chez la Baronne.

 

 

AVIS DU LIBRAIRE

 

Cette petite Pièce que je donne aujourd’hui au Public fut envoyée il y a quatre à cinq ans aux Comédiens de Paris par un Auteur Anonyme, Monsieur Quinault l’Ainé l’un des Semainiers, en fit la Lecture à la Troupe, et comme ce gracieux Comédien a le talent de prendre les inflexions de voix de qui bon lui semble en lisant le rôle de la nouvelle Actrice, il donna quelques tons d’une comédienne dont les talents pour le Théâtre font autant les délices du Public que ses grâces, et son esprit font les charmes de ceux qui la voient dans un moins grand jour. Cette Actrice n’était pas présente à la lecture ; mais en ayant appris quelques circonstances et croyant se reconnaître à quelques uns de ses traits, elle obtint par ses cabales un Ordre qui défendit à ses camarades de représenter cette Pièce, et les priva par une imagination chimérique de l’avantage réel que leur aurait procuré une Nouveauté aussi agréable.

Cette Pièce m’étant tombée entre les mains à l’insu même de son Auteur, j’ai cru devoir dédommager le Public du tort qu’on lui a fait, en le privant de la représentation. Il y trouvera un comique noble ; une versification aisée des pensées brillantes, des Portraits nouveaux et naturels, des caractères particuliers qui n’avaient point encor paru sur la Scène. Si l’on en croit les connaisseurs une bonne comédie en un Acte en Vers doit être regardée comme le chef-d’œuvre de l’esprit comique ; des bornes aussi étroites exigent une précision que le feu et l’imagination produisent, mais qu’une raison exacte sait diriger.

D’ailleurs j’espère que l’impression de cette comédie désabusera l’excellente Actrice qui s’en était crû l’Objet mal à propos : outre qu’il n’y a aucun trait marqué qui la singularité. Le Public décidera s’il y a quelque comédienne qui puisse pousser assez loin la vanité et l’Amour propre pour se trouver dans ce portrait.

Se mêle du Barreau de la Cour de la Guerre,
Et rien je crois n’est fait que par son ministère,
Qu’un emploi soit vaquant elle le fait avoir.
Sans trop solliciter à qui le peut vouloir.
Entre le détail des Charges, des Offices,
Des Fonds, des Hôpitaux, de ceux des Bénéfices.
Par elle celui-ci devient Introducteur,
Celui-là Secrétaire, et l’autre Ambassadeur,

D’un Fripon qui volait partout impunément,
Elle en fit d’un seul mot hier un Sous-traitant.

Cette application pourrait peut être convenir à la Maîtresse d’un Ministre, mais quel rapport peut elle avoir une comédienne qui n’a daigné jusqu’à présent exercer son Empire que sur quelques uns de nos beaux Esprits.

 

 

Scène première

 

LISETTE, FRONTIN

 

LISETTE.

Que veut le beau Frontin aujourd’hui dans ce lieu ?

FRONTIN.

Te rendre ce Billet, et t’embrasser.

LISETTE, lui donnant un soufflet.

Adieu.

FRONTIN.

Si j’avais cru devoir m’attendre à la Riposte,

Je vous l’aurais Madame envoyé par la Poste.

LISETTE.

Tiens-tiens, baise ma Main et ne te fâche plus ;           

C’est donc pour ma Maîtresse pourquoi point de dessus ?

FRONTIN.

Oh ! dans notre maison nous aimons le Mystère.

LISETTE.

Ta Maîtresse renferme un rare Caractère,

Le manège qu’elle a pâlir l’esprit humain ;

Mais quand débute-t-elle ?

FRONTIN.

À cinq heures demain.

LISETTE.

C’est sans doute pour faire applaudir ta Maîtresse.

Qu’on voit venir ici des Gens de toute espèce ;

Le Chevalier, l’Abbé, le Conseiller aussi,

Avec le Financier doivent souper ici.

FRONTIN.

Oh depuis quinze jours j’ai bien fait des affaires !

Que de Billets portés, de Lettres Circulaires ;

Dans les Hôtels garnis, les Cafés et le Cours :

Il faut que j’aie été quinze fois chaque jour,

Elle aura des Batteurs, ou le diable me tue,

Jamais Actrice enfin ne fera plus battue.

LISETTE.

Moi je blâme ses soins et les précautions,

Et pourquoi mendier des approbations ?

Si son mérite est sûr, il parlera pour elle ;

Être loué de gré, vaut bien mieux que par Zèle ;

Je ne suis point la dupe et je le dis tout net.

D’une Actrice qui vient après son rôle fait,

D’un air de suppliante entrer de loge en Loge

Et de chaque payant arracher un éloge.

FRONTIN.

Ma Maîtresse fera bien pis encor, crois moi,

Je connais son esprit, et te donne ma foi,

Que s’il en est qui vont dans les Loges pour plaire,

Celle-ci pourrait bien aller jusqu’au Parterre :

Tiens, Lisette elle est Folle, et d’elle il est cent traits,

Que l’on ne pourrait croire, et qui pourtant sont vrais

De Fables, de Romans, sa chambre est toute pleine ;

Sans celle elle s’habille en Princesse Romaine ;

De sa fille de Chambre elle a changé le nom.

Je crois qu’elle l’appelle ; attendez : Charmion.

Elle me nomme Arcas, et puis tantôt Auguste.

Et celle qui nous fait la Cuisine.... Laucuste.

Mais écoute la peur qu’un jour elle me fit,

Quand j’y pense j’en suis encor tout interdit :

Morbleu qu’on est à plaindre avec telle Maîtresse ;

Une nuit répétant son rôle de Lucrèce

Elle entra dans ma chambre un Poignard à la main,

Et vouloir malgré moi, que je fisse Tarquin.

LISETTE.

Et comment finit donc cette plaisante Scène ?

FRONTIN.

À reprendre mes sens j’eus d’abord quelque peine ;

Mais je revins à moi, pour finit ce détail,

Quand je vis le Poignard n’être qu’un éventail.

LISETTE.

Parlons de son manège il ne se peut comprendre,

J’en sais aussi des traits qui pourront te surprendre ;

Il faut qu’elle ait entrée en vingt mille Maisons ;

Car avec tout le monde elle a des Liaisons ;

Se mêle du barreau, de la Cour, de la guerre

Et rien je crois n’est fait, que par son ministère :

Qu’un Emploi soit vaquant, elle le fait avoir,

Sans trop solliciter à qui le peut vouloir

Un Mariage fait, elle le fait défaire ;

Une Terre vendue, elle la fait retraire ;

Brouille tous ceux qui font étroitement liés,

Et raccommode aussi tous ceux qui font brouillés ;

Entre dans les détails des Charges, des Offices,

Des Fonds des Hôpitaux, de ceux des Bénéfices ;

Par elle celui-là devient introducteur,

Celui-ci Secrétaire, Se l’autre Ambassadeur.

Non je ne pense pas que personne en la vie,

Aie avec tel succès su pousser l’industrie

D’un Fripon qui volait partout impunément,

Elle en fit d’un seul mot, hier un Sous-traitant.

Cette Condition est ma foi ta Fortune.

FRONTIN.

Je l’achète bien cher, hélas si c’en est une !

Je ne fus pas heureux dans mes conditions ;

J’ai toujours essuyé des tribulations :

Je me souviens d’avoir servi chez certain Homme,

S’il m’y fallait rentrer j’irais plutôt à Rome.

Morbleu que celui-là me menait joli train :

Il m’aurait fait crever, quoiqu’il fut Médecin ;

Tiens, dans cette maison je faisais tout sans aides,

Je Rasais, je Frottais, je portais les Remèdes ;

Je faisais la Cuisine, et battais les Habits,

Je Balayais la Cour, et je faisais les Lits ;

Ratissais le Jardin, habillais la Maîtresse

Que te dirai-je enfin, courant, veillant sans cesse,

Tantôt valet de Chambre, et tantôt Palefrenier,

Tantôt à la Toilette, et tantôt au Grenier,

Travaillant pour l’Époux, agissant pour la Femme,

Je pansais le Cheval, et je peignais Madame.

LISETTE.

Il fallait y rester, peut être qu’à la fin,

Tu serais comme lui devenu Médecin.

FRONTIN.

Vous pensez vous moquer, mais apprenez la belle,

Que toujours le Valet, au Maître se modèle ;

Tel est notre destin chez ceux que nous servons,

Nous sommes, mon enfant, de vrais Caméléons ;

Nous imitons leurs mœurs, leurs discours, leurs allures,     

Et souvent nous prenons jusques à leurs figures.

Avec les Corneilles, nous devenons Galants ;

Nous prenons un air grave avec les Présidents ;

Servons nous un jaloux il nous faut être traître,

Nous sommes comme fous avec un petit-maître ;

Nous prenons un air doux chez le Bénéficier ;

Et sommes insolents derrière un sous-Fermier ;

Mais ta Maîtresse à toi, madame la Baronne,

Qui tranche de l’esprit, et sans raison raisonne,

N’en parierons nous point ?

LISETTE.

Son Style précieux.

Devient depuis un temps, tout-à-fait ennuyeux.

FRONTIN.

Mais que dit-elle encor ?

LISETTE.

De la nouvelle Actrice,

Tant que dure le jour, elle est l’admiratrice ;

Et la rage qu’elle a pour entendre (des Vers,

Mettra je crois, bientôt, son esprit à l’envers ;)

De ta Maîtresse enfin, elle a la maladie

Et ne parle à présent qu’en vers en Tragédie :

Si la jeune Comtesse aujourd’hui la vient voir,

On n’entendra que vers du matin jusqu’au soir.

FRONTIN.

Je n’y viendrai donc pas, je suis las d’en entendre.

LISETTE.

Si ta Maîtresse y vient il faudra bien t’y rendre.

FRONTIN.

Tu crois que la Comtesse aussi déclamera.

LISETTE.

Non mais elle a toujours son jargon d’Opéra ;

De sorte que quand l’une a dit un vers Tragique.

L’autre prend la parole avec un vers Lyrique,

Et ce fol entretien règne si fréquemment,

Qu’elles ne peuvent plus se parler autrement.

FRONTIN.

Nous nous verrons tantôt, adieu, je me retire.

LISETTE.

Je crois avoir encor quelque chose à te dire,

Je voulais te parler touchant le Chevalier ;

Dis moi donc promptement, crainte de l’oublier ;

Pourquoi nous le voyons toujours chez ta Maîtresse ?

FRONTIN.

Il est amoureux fou, de la jeune Comtesse,

Et jaloux qui plus est, mais jaloux à mourir,

Et quoiqu’il soit aimé, rien ne peux le guérir,

Il se brouille souvent pour une bagatelle ;

C’est toujours au logis quelque scène nouvelle ;

Et comme ma Maîtresse a de l’ambition,

Quelle veut des amis, de la protection,

Elle cherche à se rendre à chacun nécessaire,

Et pour se ménager l’un et l’autre, et leur plaire,

Le scrupule qu’elle a, te le dirai-je net :

Elle veut les unir par un hymen complet,

Elle en veut faire autant, je crois, de la Baronne

Avec le Conseiller, du moins, je le soupçonne.

LISETTE.

J’en serais assez aise, et te dis franchement

Que pour parler pour lui j’ai quelque engagement.

Près d’elle j’ai promis de faire mon possible,

Pour les cœurs généreux ; moi j’ai l’âme sensible,

Mais j’entends ma Maîtresse.

FRONTIN.

Adieu jusqu’au revoir,

Je vais continuer mon fatigant devoir

Et porter au plutôt des billets de parterre,

Chez les étudiants et les Clercs de Notaire.

 

 

Scène II

 

LA BARONNE, LISETTE

 

LA BARONNE.

Lisette savez-vous ce qu’on joue aujourd’hui ?

LISETTE.

Voulez-vous aller à la Comédie.

LA BARONNE.

Oui.

LISETTE.

La Pièce que l’on joue est plus belle que rare

Car je pense avoir lu sur l’affiche l’Avare.

LA BARONNE.

Oh, je n’y irai donc pas.

LISETTE.

Pour demain nous irons.

LA BARONNE.

Je veux être à midi dans les premiers Balcons,

Je ne veux pas manquer notre Actrice nouvelle.

LISETTE.

Tenez, lisez.

LA BARONNE.

Quoi donc ?

LISETTE.

C’est une Lettre d’elle !

LA BARONNE, lit.

Je ne sais quel sera le Sort

De la malheureuse Chimène ;

Mais je tremble d’avance, Et frissonne si fort,

Que je crains de tomber dès la première scène ;         
Daignez donc avertir pour demain vos amis,
À vos ordres d’abord ils seront tous soumis,
Quand vous leur aurez dit que Chimène vous touche,
Ils prendront tous pour moi des sentiments humains
Et même me battront des mains,
Avant que j’aie ouvert la bouche ;
C’est mon peu de perfection
Qui fait que je vous sollicite,
Si je me croyais du mérite,
Prendrais-je ces précautions ?
Adieu belle et charmante Dame,
Que j’aime de toute mon âme,
Et que j’aimerai même au delà du trépas ;
Cet Oracle est plus sûr que celui de Calchas.

Pour moi la pauvre enfant est pleine de tendresse ;              

Je veux qu’à l’applaudir tout le Public s’empresse :

J’ai déjà prévenu bon nombre d’officiers ;

Demain dans le parterre ils feront des premiers ;

Ils prieront leurs amis de devenir les nôtres,

Ils n’applaudiront qu’elle, et siffleront les autres ;     

Et de cette façon dès la première fois ;

Ils la recevront tous d’une commune voix.

LISETTE.

Tout le Public je crois, fera fort content d’elle :

Pour changer de propos, savez-vous la nouvelle,

Que l’on débite ?

LA BARONNE.

Non, quelle cet-elle ? dis-moi.

LISETTE.

Vous faites l’ignorante.

LA BARONNE.

Ah ! je jure ma foi,

Que je ne sais non plus ce que tu me veux dire.

LISETTE.

Le jeune Conseiller n’a pas sur vous empire,

Et vous ne devez pas au plutôt l’épouser ?

LA BARONNE.

Je l’avouerai Lisette, et sans rien déguiser ?

Que depuis quelques jours on m’a su faire entendre,

Qu’il ressentait pour moi la flamme la plus rendre,

Et que l’Hymen m’en fut sur l’heure proposé

Que mon cœur à cela se trouvant opposé,

La réponse pour lui ne fut pas favorable.         

LISETTE.

Il a beaucoup d’esprit, il est bien fait, aimable ;

Il a de la noblesse et je ne sais comment,

On peut le recevoir d’un œil indiffèrent,

À ne pas l’accepter quel sujet vous engage ?

LA BARONNE.

Mais je l’avouerai.

LISETTE.

Quoi ?

LA BARONNE.

Je le trouve trop sage ;

Il n’a pas l’enjouement et la vivacité,

Que font voir aujourd’hui nos gens de qualité,

J’aime l’air petit Maître, il m’enchante la vue.

LISETTE.

De ces petits Messieurs je suis bien revenue ;

Ah qu’ils ont selon moi, l’air vain, fou, sot et plat ;

Et je voudrais savoir quel fut le premier fat ;

Qui fit naître à Paris cette Secte nouvelle ;

Ou le colifichet qu’ils prirent pour modèle :

Est-il rien de plus lot que l’est leur entretien ?

Ils vous parlent toujours et ne vous disent rien.

Quel plaisir trouve-t-on à leur entendre dire ?

Ah te voilà Marquis, vas-tu chez Artemire ?

Où soupes-tu ce soir, mon Carrosse viendra ?

Je revins ivre hier, as-tu vu l’Opéra ?

Céphise est de retour ! Que dit de moi Bélise ?

Donne-moi du Tabac, as-tu vu la Marquise ?

Et cent autres discours, jargons des étourdis ;

Qui pourraient rendre fou tel à qui l’on les dit,

Moi je prendrai bientôt un mari, je l’espère ;

Mais il ne fera pas d’un pareil caractère ;         

Si vous faisiez ainsi vous ne feriez que bien.

LA BARONNE, en récitant.

Donne-moi donc Lisette un cœur comme le tien.

Elle continue naturellement.

Mais : désapprouve tu l’air naturel et tendre,

Qui se fait remarquer dans le jeune Clitandre,

Je ne vois rien en lui qui lui soit reproché        

C’est un esprit pliant qui n’a rien de caché.

LISETTE.

Non il ne cache rien, il est plein de franchise

Car il montre partout les lettres de Bélise.

LA BARONNE.

Et Damon qu’en dis tu, n’est il pas beau bien fait ?

LISETTE.

Hélas Madame à qui faites vous son Portrait ?

Je ne suis pas encor à savoir, je vous jure,

Qu’il pèche par l’esprit et non par la figure.

LA BARONNE.

Sa voix fait assez bien les honneurs d’un repas.

LISETTE.

Qu’il y chante toujours et qu’il n’y parle pas.

 

 

Scène III

 

LA BARONNE, LISETTE, LE LAQUAIS du Conseiller

 

LE LAQUAIS.

Monsieur le Conseiller m’a chargé de remettre

Entre vos mains, Madame aujourd’hui cette lettre.

LA BARONNE, après avoir lu bas.

Dites lui que tantôt il le rende chez moi.

Lisette que je suis étonnée.

LISETTE.

Et de quoi ?

LA BARONNE.

De cette lettre en vers si galamment écrite,

Tu ne m’avais pas dit qu’il avait ce mérite ;

Comment, il fait des vers, Lisette il me plaira,

Il veut avoir mon cœur, et je crois qu’il l’aura ;

Pour se faire écouter, il fait ce qu’il faut faire.

LISETTE.

Sans ce trait de folie, il n’aurait pu vous plaire :

Lisons donc ce billet si joliment écrit,

Voyons la Poésie.

LA BARONNE.

Elle est pleine d’esprit.

LISETTE.

L’amour ! ô charmante Baronne,
Va vous intenter un Procès,
Ne doutez point de son succès,
Car je sais que sa cause est bonnes ;      
Il faut à l’amiable en arrêter le cours,
Il peut jusqu’au trépas, vous chicaner sans cesse ;
Et quand on a passé sa jeunesse
À Plaider contre les Amours,
Il vient un temps où nous perdons toujours.

De traits vifs et galants, la Lettre est assortie,

Plaider contre l’Amour, oh la forte partie !

Il faut accommoder cette affaire au plutôt.

LA BARONNE.

Va, pour l’accommoder je ferai ce qu’il faut :

Mais j’entends un Carrosse entrer avec vitesse,

Si c’est le Chevalier et la jeune Comtesse,

Dis leur bien que je suis dans un moment ici

En vers au Conseiller je veux écrire aussi.

 

 

Scène IV

 

LISETTE, seule

 

La Lettre fera longue à ce que j’imagine,

Et ne s’écrira pas sans Corneille, ou Racine.

 

 

Scène V

 

LA COMTESSE, LE CHEVALIER, LISETTE

 

LISETTE.

Madame va venir et vous prie instamment

De vouloir bien l’attendre en cet appartement.

 

 

Scène VI

 

LA COMTESSE et LE CHEVALIER

 

LA COMTESSE.

Chevalier faites trêve à cette humeur rêveuse,

Ou je vais devenir plus que vous sérieuse :

D’un mot dit en riant, vous devenez jaloux,

Je ne puis plaisanter sans vous voir en courroux,

Quoi parce que j’ai dit sans avoir nulle idée,

Elle chante.

Est-ce ma faute à moi

Si Licas me plaît plus que toi.

Votre âme est contre moi de fureur possédée,

Je le dis franchement, si vous voulez m’aimer,

À mon humeur badine il faut s’accoutumer.

LE CHEVALIER.

Mais Madame ai-je tort rendez-moi donc justice ;

Mes mouvements jaloux viennent-t-ils du caprice ?

Quoi : dans le même instant que je jure à vos yeux,

Qu’excepté mon amour rien ne m’est précieux,

Que je fais mon bonheur de vous aimer sans celle

Que j’arrête le Ciel que ma vive tendresse,

Jusqu’au dernier moment de mes jours durera,

Morbleu, vous répondez par un trait d’Opéra ;

Et pour comble de maux ce trait est un passage,

Que je ne puis tourner qu’a mon désavantage.

LA COMTESSE.

Mais quand j’ai dit cela, c’est sans réflexion.

LE CHEVALIER.

Vous me prêtiez vraiment beaucoup d’attention.       

LA COMTESSE.

Qu’aurais- je dû répondre expliquez le vous-même ?

Le Chevalier veut parler et se tait.

LA COMTESSE continue en chantant ce passage de Roland.

J’aimerai toujours mon Berger.

LE CHEVALIER.

Est-ce en chantant, morbleu, qu’on doit dire qu’on aime ?

LA COMTESSE.

Comment donc en pleurant, je hais le sérieux,

Et ne veux point aimer un mouchoir sur les yeux ;

Croyez-vous dites-moi, changer mon caractère ?

Avec cet air chagrin avec ce ton colère.

Je veux bien raisonner un instant avec vous,

Je vous l’ai déjà dit, j’abhorre les jaloux ;

Et si vous ne changez avec moi de langage,

Il ne faut plus compter sur notre Mariage.       

Je ne fais point un choix pour vivre dans l’ennui,

Si je prends un Époux, c’est pour rire avec lui.

LE CHEVALIER.

Croyez-vous que de rire on puisse avoir envie,

Quand on vous fait mourir tous les jours de la vie ;

Et qu’on ne prend jamais soin de vous radoucir         

Sur un doute, un soupçon qu’un mot peut éclaircir.

Voilà ce qui fait seul aujourd’hui mon supplice.

LA COMTESSE.

Et sur quoi voulez-vous que je vous éclaircisse ?

LE CHEVALIER.

Par exemple tantôt j’ai vu.

LA COMTESSE.

Quoi Chevalier ?

LE CHEVALIER.

Oui, j’ai vu de chez vous sortir le Conseiller.

LA COMTESSE.

Et quoi le Conseiller à présent vous occupe.

Serez-vous donc toujours de vous-même la dupe ?

Mais quel plaisir prend-on à faire son tourment ?

LE CHEVALIER.

Sachons.

LA COMTESSE, en chantant.

Pour moi l’Amour est un plaisir charmant.

LE CHEVALIER.

Encor.

LA COMTESSE, en riant.

Le Conseiller puisqu’il faut vous le dire.       

LE CHEVALIER.

Eh bien quoi vous rirez toujours.

LA COMTESSE, en chantant.

Je prétends rire.

 

 

Scène VII

 

LA COMTESSE, LE CHEVALIER, LISETTE

 

LISETTE, à la Comtesse.

Ma Maîtresse vous prie en ce même moment,

De vouloir bien passer dans son appartement,

Elle a quelques secrets à vous dire je pense.

LA COMTESSE, au Chevalier qui veut sortir.

Attendez-moi je vais... Comment donc vous sortez.

Elle chante.

Vous partez, Renaud, vous partez.

Lisette retenez-le empêchez qu’il ne sorte.

 

 

Scène VIII

 

LISETTE, LE CHEVALIER

 

LISETTE, en le ramenant.

Qu’avez-vous donc Monsieur pour fuir de la sorte ?

LE CHEVALIER.

Ah Lisette ! tu vois un homme au désespoir.

LISETTE.

Et de quoi s’il vous plaît ne puis-je le savoir ?

LE CHEVALIER.

Que je suis malheureux !

LISETTE.

Qu’est-ce qui vous désole ?

Quel sujet de chagrin ?

LE CHEVALIER.

Morbleu j’aime une Folle.

LISETTE.

Quoi la Comtesse est folle et comment, et par où ?

Mais n’est-ce point plutôt qu’elle aimerait un fou ?

Je remarque en vos yeux un amour peu tranquille ;

L’amour est ennuyeux quand il se tourne en bile.

LE CHEVALIER.

Eh qui ne serait pas de fureur animé !

Quand on s’était flatté que l’on était aimé.

LISETTE.

Eh vous n’êtes aimé que trop de la Comtesse.

LE CHEVALIER.

Ah quand on aime bien, doit-on rire sans cesse ?       

Mais Lisette sais-tu, quel secret aujourd’hui

Peut avoir la Baronne avec la Comtesse ?

LISETTE.

Oui.

LE CHEVALIER.

Ah ! dis-le moi Lisette !

LISETTE.

Et pourquoi, je n’ai garde,

Ce n’est pas vous Monsieur que ce secret regarde.

LE CHEVALIER.

Tu ne le diras pas, Lisette je me meurs.

LISETTE, bas.

Oh je vois bien qu’il faut adoucir les fureurs.

Haut.

Rassurez-vous Monsieur tachez de vous remettre

Au Conseiller en vers on écrit une lettre,

Voilà tout le mystère.

LE CHEVALIER.

Ah quelle trahison !

LISETTE.

Comment l’accès redouble, et par quelle raison.        

Mais j’aperçois Frontin. Ta maîtresse vient elle ?

 

 

Scène IX

 

LE CHEVALIER, FRONTIN, LISETTE

 

FRONTIN.

Lisette, elle me fuit.

LISETTE.

La réponse est nouvelle

C’est à vous ce me semble à marcher sur ses pas,

Monsieur.

FRONTIN.

C’est qu’elle donne audience là-bas.

À peine a-t-elle mis un pied hors de sa chaise,

Que de nos curieux environ quinze ou seize,

Du Café sortons tous avec empressement,

Lui sont venus donner la main fort poliment ;

Le Conseiller ensuite empressé, plein de zèle,

A su percer la foule, et se ranger prés d’elle ;

Et je crois qu’elle monte à présent l’escalier

Avec l’abbé Bidet, et le gros Financier ;

Mais la voici.

LISETTE, au Chevalier.

Je vais avertir ma Maîtresse,

Et compter vos fureurs à la jeune Comtesse.

 

 

Scène X

 

L’ACTRICE, L’ABBÉ, LE FINANCIER, LE CONSEILLER, LE CHEVALIER

 

L’ACTRICE, au Chevalier.

Vous pouvez acheter ce nouveau Régiment,

Monsieur, j’en ai pour vous obtenu l’agrément ;

Je vois avec plaisir que l’on vous est propice,

Et que par mon canal on vous rende justice.

LE CHEVALIER.

Vous êtes adorable, et je ne sais comment

M’acquitter envers vous d’un service si grand.

L’ACTRICE.

En vous faisant plaisir, moi-même je m’oblige,

Soyez de mes amis c’est tout ce que j’exige.

Dans peu monsieur l’Abbé vous aurez votre tour,

Quoique votre nom soit peu connu de la Cour,

J’ai fait pour vous un trait de véritable amie,

Et vous aurez dans peu place à l’académie.

L’ABBÉ, d’un ton doucereux.

Mademoiselle.

L’ACTRICE.

Et vous Monsieur le Conseiller,

Au Théâtre demain viendrez-vous babiller ?

LE CONSEILLER.

Je me garderai bien de rompre le silence.

L’ACTRICE.

On vous saura bon gré de cette violence.         

LE FINANCIER.

Moi je parle toujours à table ou bien au jeu ;

Mais à la Comédie, oh par la ventrebleu !

Personne mieux que moi n’observe le silence,

Car toujours je m’endors d’abord qu’elle commence.

L’ACTRICE.

J’espère que demain vous veillerez pour moi.

LE FINANCIER.

Hé, mais, j’applaudirai, mais sans savoir pourquoi ;

Car enfin m n malheur, est d’avoir la faiblesse,

D’ignorer le mauvais, ou le bon d’une pièce.

L’ABBÉ.

Comment jugez-vous donc d’une ouvrage d’esprit ?

LE FINANCIER.

Je règle mon avis, sur ce que chacun dit

Par exemple, en voyant pleurer dans une Scène,

Je m’attendris, je sens que cela me fait peine ;

Et sans savoir aussi, n’y pourquoi, ni par où,

Quand le parterre rit, oh je ris comme un fou.

LE CONSEILLER.

Vous voyez qu’il n’est pas un homme qui déguise.

L’ACTRICE.

Il parle comme il pense, et j’aime sa franchise.

 

 

Scène XI

 

LA BARONNE, LA COMTESSE, L’ACTRICE, LE CHEVALIER, LE CONSEILLER, L’ABBÉ, LE FINANCIER, LISETTE, UN LAQUAIS de la Baronne

 

LISETTE.

La lettre au Conseiller l’a rendu furieux.

LA BARONNE, en déclamant.

Si Titus est jaloux, Titus est amoureux, 

Je vais le détromper.

LA COMTESSE.

Vous croirait-il Madame ?

LA BARONNE.

Monsieur le Conseiller, j’approuve votre flamme.

Vous avez su me plaire et je veux devant tous

Le déclarer ici, vous serez mon époux.

LE CONSEILLER.

Madame à ce bonheur aurais-je dû m’attendre ?

Vous comblez les souhaits de l’Amant le plus tendre.

LA BARONNE.

Qu’en dit le Chevalier ?

LA COMTESSE.

Le Chevalier croira, 

Que c’est encor ici quelques traits d’Opéra.

LE CHEVALIER.

Hélas ! que voulez-vous que je pense Madame,

Quand vous tardez toujours à couronner ma flamme ?

Je ne suis point tranquille, et ne puis vivre heureux,

Qu’au moment que l’hymen nous unira tous deux.

L’ACTRICE.

Madame il faut se rendre et sa raison est bonne ;

Imitez croyez-moi, Madame la Baronne,

Comblez du Chevalier et l’amour et les vœux,

Cela peut pour moi-même être, un augure heureux

Et crois si je voyais ce double Mariage,

Que j’en jouerais demain avec plus de courage.

LA BARONNE.

Vous vous aimez tous deux, hâtez ce doux lien.

LA COMTESSE, en chantant.

Hélas ? que son amour est différent du mien ;

Mais je me sacrifie à son humeur jalouse ;

C’en est fait Chevalier je serai votre Épouse.

LE CHEVALIER.

De mes jaloux transports ne craignez plus l’effet,

Je suis sur d’être aimé, mon cœur est satisfait.

L’ABBÉ, d’un ton doucereux.

De voir ce double hymen je suis charmé Mesdames,

Et je veux faire en Grec vos deux épithalames.

LE FINANCIER.

Il s’agit bien ici du Grec et du Latin,

Moi je parle Français, j’aurai soin du festin.

LA BARONNE.

Puisque nous voilà tous dans la réjouissance,

Donnons à notre Actrice un moment d’audience,

Quelques scènes du Cid, si vous le voulez bien.

L’ACTRICE.

Il ne m’est pas permis de vous refuser rien.

LA BARONNE, à la Comtesse.

Elle fera demain l’ornement de la Scène,

Vous y viendrez sans doute.

LA COMTESSE.

Oh je veux voir Chimène.

En Chantant.

Sangaride ce jour, est un grand pour vous.

LA BARONNE.

Claquez la bien Messieurs.

TOUS LES HOMMES, ensemble.

Nous la claquerons tous.

L’ABBÉ, toujours doucereusement.

Pour la faire jouer avec plus de courage,

Je ferai de Rodrigue ici le Personnage,

Au Collège autrefois, je récitais des mieux.

LE FINANCIER.

Je crains bien que ceci ne devienne ennuyeux.

Qu’en dis-tu Chevalier ?

LE CHEVALIER.

Moi je pense au contraire

Qu’il va nous divertir, il faut le laisser faire.

LE FINANCIER, à l’Abbé.

Allons Rodrigue, allons, alerte à repartir.

LA BARONNE, à un Laquais.

Quand on aura servi qu’on nous vienne avertir ;

Ils s’asseyent tous, excepté l’Actrice et l’Abbé.

L’ACTRICE.

Quoi Rodrigue en plein jour, d’où te vient cette audace ?
Va, tu me perds d’honneur.

LA BARONNE.

Quel son de voix flatteur. 

L’ACTRICE, continue.

Retire-toi de grâce.

L’ABBÉ, sans faire de geste et froidement sur le ton du Collège.

Je vais mourir Madame, et vous viens en ce lieu,
Avant le coup mortel, dire un dernier adieu.
Mon amour vous le doit, et mon cœur qui respire.

LE FINANCIER.

Le mien étouffe.

LA BARONNE.

Paix.

L’ABBÉ.

Je ne sais plus que dire.

L’ACTRICE, à l’Abbé.

Ne songez qu’à vous seul, c’est là l’unique point.

LE FINANCIER.

Allons Abbé Bidet, ne vous déferrez point.

L’ABBÉ continue toujours de même.

Et mon cœur qui respire,
N’ose sans votre aveu sortir de votre empire.

L’ACTRICE.

Tu vas mourir.

L’ABBÉ.

J’y cours et le Comte est vengé
Aussitôt que de vous j’en aurai le congé.

L’ACTRICE.

Tu vas mourir.

LE FINANCIER.

Qu’il meure donc, parbleu, cela m’impatiente.

LA BARONNE.

Vous ne vous traitez point, quelle humeur étonnante ?

Moi je n’ai jamais vu rien d’égal à cela.

LE FINANCIER.

Il dit qu’il va mourir, Se reste toujours là.

L’ACTRICE, continue.

Celui qui n’a pas craint les Maures et mon Père,
Va combattre Don Sanche et déjà désespère.

LA BARONNE.

Ah ! quelle expression, elle met dans son jeu,

Je crois être Chimène et je suis toute en feu.

LE FINANCIER.

Pour moi je suis gelé quelque chose qu’on fasse,

Et Rodrigue me vaut une tasse de glace.

L’ACTRICE, continue.

Ainsi donc au besoin ton courage s’abat.

L’ABBÉ, toujours froidement.

Je cours à mon supplice, et non pas au combat. 

LA BARONNE.

Jusqu’à son jeu muet, on voit qu’elle à de l’âme,

C’est une grande actrice avouez-le Madame ;

Sur les autres demain on va crier haro.

LA COMTESSE.

Chimène est un prodige.

LE FINANCIER.

Et Rodrigue un zéro.

L’ABBÉ, continue.

Et ma fidèle ardeur sait bien m’ôter l’envie,
Quand vous cherchez ma mort de défendre ma vie ;
J’ai toujours même cœur, mais je n’ai point de bras,
Quand il faut conserver ce qui ne vous plaît pas.

LE FINANCIER.

Monsieur l’Abbé, haut les bras.

L’ABBÉ.

Et pourquoi m’interrompre, il prend bien de la peine.

C’est gâter à plaisir le plus beau d’une Scène.

LE CHEVALIER.

Il a raison, silence. Il récite assez bien.

LE FINANCIER.

Qu’il gesticule donc, je ne dirai plus rien.

LA BARONNE.

Qu’on le laisse achever moi j’en fuis fort contente

Avec un air aisé je vois qu’il se présente,         

Et trouve qu’il serait excellent dans son jeu

S’il avait de la voix, des gestes, et du feu.

Mais venons je vous prie à la fin de la Scène,

C’est à vous à parler.

L’ABBÉ.

Non pas, c’est à Chimène.

L’ACTRICE, continue.

Puisque pour t’empêcher de courir au trépas,
Ta vie et ton honneur font de faibles appas,
Si jamais je t’aimai, cher Rodrigue en revanche,
Défends toi seulement pour m’ôter à Don Sanche ;
Combats pour m’affranchir d’une condition.

LE FINANCIER.

Lui combattre l’Abbé ?

LA BARONNE.

Vous ne sauriez vous taire   

Monsieur.

LE FINANCIER.

D’un coup de busque il tomberait par terre.

L’ACTRICE, continue.

Et si pour moi tu sens ton cœur encor épris,
Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix.
Adieu ce mot lâché, me fait rougir de honte.

L’ABBÉ, toujours froidement.

Est-il quelque ennemi qu’à présent je ne dompte.

LA BARONNE, en se levant.

On ne peut jouer mieux il le faut avouer ;

Qu’en dites-vous, Meilleurs ?

LE CHEVALIER.

On ne peut que louer, sur tout monsieur l’Abbé.

Madame il a fait rage.

L’ABBÉ, doucereusement.

Vous pensez vous moquer mais je suis tout en nage,

Avec elle en jouant on sent je ne sais quoi,

Qui dans la passion fait entrer malgré soi.

LA BARONNE.

Elle sera reçue, elle s’y doit attendre ;

Monsieur le Financier, vous la venez d’entendre,

Dites-nous votre avis qu’en pensez-vous.

LE FINANCIER.

Morbleu,

Je n’ai point vu d’actrice avoir un si grand jeu.

L’ACTRICE.

À trop flatter les gens, on se rend condamnable.

 

 

Scène XII

 

LA BARONNE, L’ABBÉ, LE LAQUAIS

 

UN LAQUAIS.

On a servi Madame.

LA BARONNE.

Allons nous mettre à table.

L’ABBÉ.

Je veux auparavant vous dire un mot ici,

Au Parterre demain j’annoncerai ceci :

Messieurs si l’Actrice Nouvelle,

À vous plaire aujourd’hui met des soins superflus

Je le dis devant elle, ne la revoyez plus,

Mais si vous la trouvez en mérite seconde

Venez la voir en foule, elle aime le grand monde.

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