Le Florentin (Jean de LA FONTAINE - CHAMPMESLÉ)

Comédie en un acte et en vers.

Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l’Hôtel Guénégaud par le Comédiens français, le 23 juillet 1685.

 

Personnages

 

HARPAJÊME, Florentin

HORTENSE, pupille d’Harpajême

TIMANTE, amant d’Hortense

AGATHE, mère d’Harpajême

MARINETTE, servante d’Harpajême[1]

UN SERRURIER

UN EXEMPT

DES RECORS[2]

 

La scène est à Florence.

 

 

Scène première

 

TIMANTE, MARINETTE

 

MARINETTE.

Que vois-je ? êtes-vous fou, Timante ? Ignorez-vous

À quel point est féroce un Florentin jaloux ?

Vous êtes son rival. Transporté de colère,

Il fait de vous tuer sa principale affaire ;

Et, loin d’envisager ces périls évidents,

Vous venez dans sa chambre ! Où donc est le bon sens ?

TIMANTE.

Oui, je sais tout cela, Marinette ; mais j’aime.

Voyant sortir d’ici le brutal Harpajême,

J’ai voulu profiter...

MARINETTE.

Vous ne savez donc pas

Qu’à peine il est sorti, qu’il revient sur ses pas ?

Occupé seulement de l’âpre jalousie,

Rien ne peut l’assurer ; de tout il se défie.

S’il faut, en revenant, qu’il vous trouve en ces lieux...

TIMANTE.

Va, va, j’ai mes raisons pour paraître à ses yeux.

Mais, de grâce, instruis-moi de ce que fait Hortense,

De tout ce qu’elle dit, de tout ce qu’elle pense.

Harpajême toujours poursuit-il ses projets ?

La tient-il enfermée encor ?

MARINETTE.

Plus que jamais.

Pour la soustraire aux yeux de votre seigneurie,

Il met tout en usage, artifice, industrie.

Une chambre, où le jour n’entre que rarement,

Est de la pauvre enfant l’unique appartement.

Autour règne une épaisse et terrible muraille,

De briques composée, et de pierre de taille.

Un labyrinthe obscur, pénible à traverser,

Offre, avant que d’entrer, sept portes à passer :

Chaque porte, outre un nombre infini de ferrures,

Sous différents ressorts a quatre ou cinq serrures,

Huit ou dix cadenas, et quinze ou vingt verrous.

Voilà le plan du fort où ce bourru jaloux

Enferme avec grand soin la malheureuse Hortense.

Encor ne la croit-il pas trop en assurance.

Pour mettre sa personne à l’abri du danger,

Seul il la voit, l’habille, et lui sert à manger ;

Seul il passe en tout temps la journée avec elle,

À la voir tricoter, ou blanchir sa dentelle.

Parfois pour lui fournir des passe-temps plus doux,

Il lui lit les devoirs de l’épouse à l’époux ;

Ou bien, pour l’égayer, prenant une guitare.

Il lui racle à l’oreille un air vieil et bizarre,

La nuit, pour empêcher qu’on ne le trompe en rien,

Une cloison sépare et son lit et le sien.

Le bruit d’une araignée alors qu’elle tricote,

Une mouche qui vole, une souris qui trotte,

Sont éléphants pour lui, qui l’alarment soudain.

Du haut jusques en bas, un pistolet en main.

Ayant par ses clameurs éveillé tout le monde,

Il court, il cherche, il rôde, il fait partout la ronde.

Non, le diable, ennemi de tous les gens de bien,

Le diable bien nommé diable, et qui ne vaut rien,[3]

Est moins jaloux, moins fol, moins méchant, moins bizarre,

Moins envieux, moins loup, moins vilain, moins avare,

Moins scélérat, moins chien, moins traître, moins lutin,

Que n’est, pour nos péchés, ce maudit Florentin.

TIMANTE.

Le malheureux ! on sait comment il traite Hortense :

Par mes soins la justice en a pris connaissance,

Je puis par un arrêt tromper sa passion ;

Mais je crains de le mettre en exécution.

MARINETTE.

S’il fallait qu’il en eût la moindre connaissance,

Le poignard aussitôt vous priverait d’Hortense.

Parlant sur ce chapitre, il nous a dit cent fois,

Qu’avant que se soumettre à la rigueur des lois,

Il choisirait plutôt le parti de la pendre,

Et qu’il aimerait mieux l’étouffer que la rendre.

TIMANTE.

Cette lettre pourra traverser ses desseins.

Je feindrai de la mettre à ses yeux en tes mains,

Te priant de la rendre entre celles d’Hortense.

Toi, pour ne point marquer[4] aucune intelligence,

Tu la refuseras avec emportement.

MARINETTE.

J’entends. Mais gardez-vous de lui dans ce moment ;

Il fait faire, dit-on, un ressort qu’il nous cache :

À l’achever dans peu son serrurier s’attache ;

Déjà...

TIMANTE.

Le serrurier s’en est ouvert à moi.

C’est un homme d’honneur : il m’a donné sa foi,

Moyennant quelque argent que j’ai su lui promettre.

De concert avec lui j’ai dicté cette lettre.

Pour punir d’un jaloux les désirs déréglés,

Je viens exprès... Il entre...

 

 

Scène II

 

HARPAJÊME, AGATHE, TIMANTE, MARINETTE

 

MARINETTE.

Allez au diable, allez !

Pour qui me prenez-vous, et quelle est votre attente ?

Merci diantre ! ai-je l’air d’une fille intrigante ?

HARPAJÊME.

Que vois-je ?

TIMANTE.

Eh ! Marinette, un mot, écoute-moi !

MARINETTE.

Ne m’approchez pas !

HARPAJÊME.

Bon !

TIMANTE.

Cent louis sont pour toi ;

Les voilà.

MARINETTE.

Je n’ai point une âme intéressée.

TIMANTE.

Quoi !...

MARINETTE.

Ces poings puniront votre infâme pensée,

Si vous restez.

TIMANTE.

Hortense est commise à tes soins ;

Pour m’obliger, rends-lui ce billet sans témoins.

HARPAJÊME se jette sur la lettre.

Ah ! ah ! perturbateur du repos du ménage,

Tu veux donc la séduire et me faire un outrage !

TIMANTE, l’épée à la main.

Redonne-moi la lettre, ou ce fer que tu voi...

HARPAJÊME.

Barthélemi, Christophe, Ignace, Ambroise, à moi !

 

 

Scène III

 

HARPAJÊME, AGATHE, MARINETTE

 

MARINETTE.

Comme il fuit !

HARPAJÊME.

Il fait bien ; car cette mienne épée

Dans son infâme sang allait être trempée ;

Mais de le voir ici me voilà tout outré.

Comment est-il venu ? comment est-il entré ?

MARINETTE.

J’étais là-bas au frais quand je l’ai vu paraître :

Je suis soudain rentrée ; il m*a suivie en traître,

Me disant qu’il voulait m’enrichir pour toujours ;

Que je prisse le soin de servir ses amours ;

Et, faisant succéder les effets aux paroles,

Il m’a voulu couler dans la main cent pistoles.

Mais j’aurais moins souffert s’il avait mis dedans,

Ou des cailloux glacés, ou des charbons ardents.

Je crève quand je pense aux offres insolentes...

HARPAJÊME, à Agathe.

Ah ! ma mère, voilà la perle des servantes !

À Marinette.

Embrasse-moi, ma fille...

À Agathe.

Auriez-vous cru cela ?

Eh bien ! avec ses soins, ma mère, et ces clefs-là,

La garde d’une femme est-elle si terrible.

Et croyez-vous encor cette chose impossible ?[5]

AGATHE.

Mon fils, bouleverser l’ordre des éléments,

Sur les flots irrités voguer contre les vents,

Fixer selon ses vœux la volage fortune,

Arrêter le soleil, aller prendre la lune ;

Tout cela se ferait beaucoup plus aisément

Que soustraire une femme aux yeux de son amant.

Dussiez-vous la garder avec un soin extrême,

Quand elle ne veut pas se garder elle-même.

HARPAJÊME.

Il n’est pas question d’aller contre les vents,

Ni de bouleverser l’ordre des éléments,

Mais de garder Hortense ; et j’ai, pour y suffire,

De bons murs, des verrous, et des yeux ; c’est tout dire.

AGATHE.

Abus. Lorsque l’amour s’empare de deux cœurs,

Pour rompre leur commerce et vaincre leurs ardeurs,

Employez les secrets de l’art et la nature,[6]

Faites faire une tour d’une épaisse structure,

Rendez ses fondements voisins des sombres lieux,

Élevez son sommet jusqu’aux voûtes des cieux,

Enfermez l’un des deux dans le plus haut étage,

Qu’à l’autre le plus bas devienne le partage,

Dans l’espace entre deux, par différents détours,

Disposez plus d’Argus qu’un siècle n’a de jours,

Empruntez des ressorts les plus cachés obstacles ;

Plus grands sont les revers, plus grands sont les miracles :

L’un pour descendre en bas osera tout tenter,

L’autre aiguillonnera ses esprits pour monter.

Sans s’être concertés pour une fin semblable,

Tous deux travailleront d’un concert admirable.

À leurs chants séducteurs Argus s’endormira ;

Des verrous, par leurs soins, le ressort se rompra ;

De moment en moment enjambant l’intervalle,

Enfin ils feront tant, au milieu du dédale,

Qu’imperceptiblement ensemble ils se rendront,[7]

Et malgré vos efforts, mon fils, ils se joindront :

C’est un coup sûr. Mon âge et mon expérience

Doivent dans votre esprit inspirer ma science.[8]

Je sais ce qu’en vaut l’aune, et j’ai passé par là.

Votre père voulait me contraindre à cela ;

Mais, s’il n’eût mis un frein à cette ardeur trop prompte,

Il se serait trompé sûrement dans son compte,

Mon fils...

HARPAJÊME.

Oh ! mieux que lui j’ai calculé le mien.

Je ne suis pas si sot...[9] Suffit, je ne dis rien.

Mais ouvrons le poulet du damoiseau Timante ;

Apprenons ses desseins, et voyons ce qu’il chante.

Il lit.

« Pour punir votre jaloux, je me suis rendu maître de la maison qui est voisine de la vôtre, où j’ai trouvé les moyens de me faire un passage sous terre, qui me conduira jusqu’à votre chambre. J’espère que la nuit ne se passera pas sans que vous m’y voyiez. Je vous en avertis, afin que votre surprise ne vous fasse rien faire qui soit entendu de votre bourru. Le même passage vous servira pour vous faire sortir d’esclavage, et vous mettre au pouvoir de la personne qui vous aime le plus. »

Il verra, s’il y vient, un plat de mon métier ;

Et je sors pour cela de chez le serrurier.

Ma foi, monsieur Timante, on vous la garde bonne !

Oui, pour joindre en repos Hortense à ma personne,

J’ai besoin de sa mort. À tout examiner,

Le moyen le plus sûr est de l’assassiner.

J’ai donc pour cela fait construire une machine :[10]

Je la ferai poser dans la chambre voisine.

Pressé par son amour, Timante s’y rendra ;[11]

Mais, au lieu d’y trouver Hortense, il s’y prendra.

Alors tout à mon aise, ayant en main ma dague,

Je vous la plongerai dans son sein, zague, zague,

Et le tuerai, ma mère, avec plaisir, Dieu sait !

Ensuite on le mettra dans ma cave :[12] me jacet.

AGATHE.

Quoi ! de tuer un homme auriez-vous conscience ?

Loin que votre dessein vous fasse aimer d’Hortense,

Ce coup augmentera sa haine, il est certain.

HARPAJÊME.

Bon ! bon ! morte est la bête, et mort est le venin.

Depuis que dans ces lieux Hortense est enfermée,

Qu’à ne plus voir Timante elle est accoutumée,

Elle est déjà soumise à vouloir m’épouser.

Pour l’y fortifier, j’ai su la disposer

À voir un sien cousin, magistrat, homme sage,

Qu’elle connaît de nom, et non pas de visage :

Elle sait seulement qu’il est en grand crédit.

Étant de ses parents, et de sublime esprit,

Elle ne craindra point d’ouvrir à sa prudence

Les secrets de son cœur, et tout ce qu’elle pense ;

Et comme ce grand homme est de mes bons amis,

Afin de m’obliger, ma mère, il m’a promis

Que selon mes désirs il tournera son âme.

AGATHE.

Ce cousin entreprend de changer une femme !

Il est donc assez sot pour présumer de soi...[13]

Et quel est donc ce sot entrepreneur ?

HARPAJÊME.

C’est moi.

AGATHE.

Vous ?

HARPAJÊME.

Moi... De ce cousin j’avais la fantaisie :

Depuis, prenant conseil d’un peu de jalousie,

Qui m’apprend que de tout il faut se défier,

J’ai cru plus à propos de me la confier.[14]

Ce soir, l’obscurité devenant favorable,

Ayant la barbe et l’air d’un homme vénérable,

En habit, et des pieds en tête revêtu

Du fastueux dehors d’une intègre vertu,[15]

Je prétends, selon moi, pétrir le cœur d’Hortense,

Et par même moyen savoir ce qu’elle pense.

AGATHE.

Gardez-vous d’accomplir ce dessein dangereux.

Afin qu’en son ménage un homme soit heureux,

Bannissant de chez lui toute la défiance,

Loin de vouloir savoir ce que sa femme pense,

Il doit fuir avec soin, comme on fuit un forfait,

L’occasion d’apprendre ou voir ce qu’elle fait.

HARPAJÊME.

Chansons ! Rien ne me peut détourner de la chose.

Afin d’exécuter ce que je me propose.

Faisons venir Hortense en cet appartement.

On ouvre plusieurs portes.

 

 

Scène IV

 

AGATHE, MARINETTE

 

AGATHE.

Le ciel le punira de cet entêtement...

Que de portes ! quel bruit de clefs ! quel tintamarre !

MARINETTE.

De faire voir sa femme un jaloux est avare.

AGATHE.

Oui ; mais qui la confie à la foi des verrous,

Est trompé tôt ou tard.

 

 

Scène V

 

HARPAJÊME, AGATHE, HORTENSE, MARINETTE

 

HARPAJÊME.

Hortense, approchez-vous

Monsieur votre cousin en ces lieux va se rendre.

Avec un cœur ouvert ayez soin de l’entendre :

Il est ici tout proche, et je cours l’avertir.

 

 

Scène VI

 

AGATHE, HORTENSE, MARINETTE

 

AGATHE.

Autant qu’à vos débats on m’a vu compatir,

Autant ma joie éclate à votre intelligence,

Ma bru. Je vais agir de toute ma puissance

Pour porter de mon fils l’esprit à la douceur :

Vous, à le caresser contraignez votre cœur.

Nos petites façons amollissent les âmes,

Et les hommes ne font que ce qui plaît aux femmes.[16]

 

 

Scène VII

 

HORTENSE, MARINETTE

 

MARINETTE.

Harpajême, ce soir, sera donc votre époux ?

HORTENSE.

Un jaloux furieux, les astres en courroux,

L’horreur d’une prison longue, obscure, ennuyante,

Le repos de mes jours, tout l’ordonne.

MARINETTE.

Et Timante ?

Voulez-vous pour jamais renoncer à le voir ?

D’être un jour votre époux il conserve l’espoir :

Même il a, m’a-t-il dit, en tête un stratagème.

Qui vous délivrera des rigueurs d’Harpajême.

HORTENSE.

Eh ! que pourra-t-il faire ? Hélas ! plus que le mien,

Son intérêt me porte à ce triste lien.

Il m’aime, et m’aimera tant qu’il verra mon âme

Libre, et dans un état de répondre à sa flamme.

Harpajême le hait, sa vie est en danger.

Peut-être quand l’hymen aura su m’engager,

Qu’étouffant un amour que l’espoir a fait naître,

Il n’y songera plus ; je l’oublierai peut-être :

J’y ferai mes efforts, du moins. Pour commencer

D’ôter de mon esprit Timante, et l’en chasser,

Au cousin que j’attends je vais ouvrir mon âme,

Implorer ses conseils pour éteindre ma flamme ;

Et, si je ne profite enfin de sa leçon,

Je parlerai du moins de ce pauvre garçon.

MARINETTE.

D’accord ; mais ce cousin n’est autre qu’Harpajême,

Je vous en avertis.

HORTENSE.

Que dis-tu ? Lui ?

MARINETTE.

Lui-même.

Poussé par un esprit curieux et jaloux,

Sachant que ce cousin n’est point connu de vous,

Sous un déguisement et de voix et de mine,

Vous donnant des conseils de cousin à cousine,

Il prétend vous tirer de vos égarements,

Et, par même moyen, savoir vos sentiments.

Pour punir ce bourru, c’est à vous de vous taire,

Et de dissimuler le commerce...

HORTENSE.

Au contraire :

Pour punir dignement sa curiosité,

Je lui vais de bon cœur dire la vérité.

Puisqu’il ose en venir à cette extravagance,

Je vais lui découvrir, sans nulle répugnance,

Tout ce que sent mon cœur, et réduire le sien

À fuir de mon hymen le dangereux lien.

Bien mieux qu’il ne souhaite il s’en va me connaître :

Je m’en ferai haïr par cet aveu, peut-être ;

Ou, sachant de quel air je l’estime aujourd’hui,

S’il veut bien m’épouser encor, tant pis pour lui.

MARINETTE.

Il entre... Ah ! que sa barbe est rébarbarative !

HORTENSE.

Il se repentira de cette tentative.

 

 

Scène VIII

 

HARPAJÊME, HORTENSE, MARINETTE

 

HARPAJÊME, en docteur, à part.

Feignons, pour l’abuser...

À Marinette.

En ces lieux envoyé

Pour mettre au bon sentier votre esprit dévoyé...

MARINETTE.

Ce n’est pas moi.

HARPAJÊME.

Qui de vous deux est ma parente[17]

Hortense ?

MARINETTE.

Je ne suis, monsieur, que la servante.[18]

HARPAJÊME, à Hortense.

Est-ce vous ?

HORTENSE.

Oui, monsieur.

HARPAJÊME, à Marinette.

Des sièges...

À Hortense.

Seyez-vous.

Regardez-moi...

À Marinette.

Fermez ce faux jour. Laissez-nous.

 

 

Scène IX

 

HARPAJÊME, HORTENSE

 

HARPAJÊME.

Ma cousine, en ces lieux, de la part d’Harpajême,

Je viens pour vous porter à l’hymen. Il vous aime.

Dès vos plus jeunes ans on vous marqua ce choix :

Votre père, en mourant, vous imposa ces lois :[19]

Mais vous, d’une amour folle étant préoccupée,

Vous rendez du défunt la volonté trompée ;

Et le pauvre Harpajême, au lieu d’affection,

N’a vu que haine en vous, et que rébellion.

HORTENSE.

Il est vrai, son humeur a rebuté la mienne :

Mais, monsieur, ce n’est pas ma faute ; c’est la sienne.

HARPAJÊME.

Comment ?

HORTENSE.

Nous demeurions à huit milles d’ici.

Je n’avais jamais vu que lui seul d’homme : ainsi.

Je me comptais toujours compagne de sa couche :

Quoiqu’il me parût froid, noir, bizarre, et farouche ;[20]

Sans amour, il est vrai ; toutefois sans ennui,

Présumant que tout homme était fait comme lui ;

Mais, loin de me tenir dans cette erreur extrême,

À me désabuser il travailla lui-même ;

Et j’appris par ses soins, avec quelque pitié,

Qu’il était des mortels le plus disgracié.

HARPAJÊME.

Quoi ! lui-même ? Comment ?

HORTENSE.

Vous le savez, mon père

De son pouvoir sur moi le fît dépositaire,

Et mourut. Peu de temps après la mort du sien,

Harpajême, héritier et maître d’un grand bien,

D’avoir place au sénat conçut quelque espérance.

Il voulut faire voir son triomphe à Florence,

M’y traînant avec lui, malgré moi. Dans ces lieux,

Mille gens bien tournés s’offrirent à mes yeux,

Qui de me plaire tous prirent un soin extrême.

Faisant réflexion sur eux, sur Harpajême,

Qu’y vis-je ? Ah ! mon cousin, quelle comparaison !

L’erreur en mon esprit fit place à la raison :

Mon jaloux me parut d’un dégoût manifeste ;

Et je pris sa personne en haine.

HARPAJÊME, bas.

Je déteste...

HORTENSE.

Quoi donc ! ce franc aveu vous déplaît-il ? Comment !

Est-ce que je m’explique à vous trop hardiment ?

HARPAJÊME.

Non pas, non pas.

HORTENSE.

Je vais me contraindre.

HARPAJÊME.

Au contraire.

De ce que vous pensez il ne faut rien me taire.

Si vous voulez, pesant l’une et l’autre raison,

Que je fonde une paix stable en votre maison,

Vous devez me montrer votre âme toute nue,

Ma cousine.

HORTENSE.

Oh ! vraiment j’y suis bien résolue.

Avant que d’épouser Harpajême aujourd’hui,

Afin que vous jugiez si je dois être à lui,

De tout ce que j’ai fait, de tout ce qu’il m’inspire,

Je ne vous tairai rien. Mais n’allez pas lui dire.

HARPAJÊME.

Oh ! non, non. Revenons à la réflexion.

Vous fîtes dès ce temps le choix d’un galant ?

HORTENSE.

Non :

Jamais d’en choisir un je n’eusse eu la pensée ;

Mais Harpajême, épris d’une rage insensée,

Poussé par un esprit ridicule, importun,

À son dam, malgré moi, m’en fit découvrir un.

HARPAJÊME.

Vous verrez que cet homme aura tout fait.

HORTENSE.

Sans doute ;

Car, me voulant contraindre à prendre une autre route,

Pour m’ôter du grand monde, il me fît enfermer.

J’étais à ma fenêtre à prendre souvent l’air.

D’un logis près, un homme en faisait tout de même :

Je ne le voyais pas d’abord ; mais...

HARPAJÊME.

Harpajême

Vous le fît découvrir, n’est-ce pas ?

HORTENSE.

Justement.

Il me dit, tourmenté par son tempérament,

Que sans doute cet homme était là pour me plaire,

Et m’ordonna surtout, fulminant de colère,

De ne plus me montrer lorsque je l’y verrais.

Instruite à ce discours de ce que j’ignorais,

À me montrer encor je me plus davantage ;

Et je vis qu’Harpajême avait dit vrai.

HARPAJÊME, à part.

J’enrage !

HORTENSE.

Cet homme enfin, monsieur, dont Timante est le nom,

Me fit voir en ses yeux qu’il m’aimait tout de bon.

Il est jeune, bien fait ; sa personne rassemble

Dans sa perfection tous les bons airs ensemble ;

Magnifique en habits, noble en ses actions,

Charmant...

HARPAJÊME.

Passez, passez sur ses perfections ;

Il n’est pas question de vanter son mérite.

HORTENSE.

Pardonnez-moi, monsieur. Dans l’ardeur qui m’agite,

Il me semble à propos de vous bien faire voir

Que celui pour qui seul j’ai trahi mon devoir,

Possédant dignement tout ce qu’il faut pour plaire,

À de quoi m’excuser de ce que j’ai pu faire.

Timante est en vertus, et j’en suis caution,

Tout ce qu’est Harpajême en imperfection.

HARPAJÊME, à part.

Que nature pâtit ! Mais poursuivons...

À Hortense.

Peut-être

Cet amant vous revit encore à la fenêtre ?

HORTENSE.

Non, je ne le vis plus : mon bourru, mécontent,

Fit, de dépit, fermer ma fenêtre à l’instant.

HARPAJÊME.

Eh ! le bourru ! Mais...

HORTENSE.

Mais, pour punir sa rudesse,

Timante en un billet m’exprima sa tendresse,

Et me le fit tenir, nonobstant mon jaloux.

HARPAJÊME.

Comment ?

HORTENSE.

Prenant le frais tous deux devant chez nous,

Deux petits libertins, qui mangeaient des cerises,

Vinrent contre Harpajême, à diverses reprises,

Riant, chantant, faisant semblant de badiner.

Ils jetaient leurs noyaux l’un après l’autre en l’air :

Un noyau vint frapper Harpajême au visage.

Il leur dit de n’y plus retourner davantage.

Eux, sans daigner l’ouïr, en jetant à l’envi.

Cet agaçant noyau de plusieurs fut suivi ;

Harpajême à chacun redoubla ses menaces.

Riant de lui sous cape, et faisant des grimaces,

Malicieusement ces petits obstinés

Ne visaient plus qu’à lui, prenant pour but son nez.

Transporté de colère et perdant patience,

Harpajême après eux courut à toute outrance,

Quand d’un logis voisin Timante étant sorti,

De cet heureux succès aussitôt averti,

Il me donna sa lettre, et rentra dans sa cage.

Harpajême revint, essoufflé, tout en nage,

Sans avoir joint ces deux espiègles : enroué,

Fatigué, détestant de s’être vu joué,

Il en pensa crever de rage et de tristesse.

Comme je ne veux rien vous cacher, je confesse

Que je livrai mon âme à de secrets plaisirs

De voir que mon jaloux fût, malgré ses désirs,

La fable d’un rival, et la dupe...

HARPAJÊME, à part.

Ah ! je crève...

À Hortense.

De répondre au billet vous n’eûtes pas de trêve ?

HORTENSE.

D’accord ; mais il fallait trouver l’invention

De le pouvoir donner.

HARPAJÊME.

Vous la trouvâtes ?

HORTENSE.

Bon !

Harpajême y pourvut. Pressé par sa faiblesse,

Il voulut consulter une devineresse

Pour voir s’il serait seul maître de mes appas.

Il m’y fit, un matin, accompagner ses pas.

À peine sortions-nous, que j’aperçois Timante.

Harpajême, à sa vue, aussitôt s’épouvante,

Nous observe de près, me tenant une main :

Dans l’autre était ma lettre. Inquiète en chemin

Comment de la donner je pourrais faire en sorte,

Un homme qui fendait du bois devant sa porte

À faire un joli tour me fit soudain penser.

Dans les bûches, exprès, je fus m’embarrasser :

Je tombe, et, par l’effet d’une malice extrême,

J’entraîne avecque moi rudement Harpajême.

Timante, à cette chute, accourt à mon secours :

Moi, qui mettais mon soin à l’observer toujours,

Comme il m’offrait sa main pour soutenir la mienne,

Je coulai promptement mon billet dans la sienne ;

Puis je fus du jaloux relever le chapeau,

Qui dans ce temps cherchait ses gants et son manteau,

M’injuriant, pestant contre la destinée :

Mais, comme heureusement ma lettre était donnée,

Il ne put me fâcher. Crotté, gonflé d’ennui,

Il revint sur ses pas : j’y revins avec lui,

Non sans rire en secret, songeant à cette chute,

De mon invention et de sa culebute.

HARPAJÊME, à part.

Ouf !...

À Hortense.

Et qu’arriva-t-il de l’un et l’autre tour ?

HORTENSE.

Timante, instruit par moi, pressé par son amour,

Pour me pouvoir parler usa d’un stratagème.

Il fit secrètement avertir Harpajême

Par un homme aposté qu’il voulait m’enlever ;

Qu’un soir à ma fenêtre il devait me trouver,

Et que nous ménagions le moment favorable

Pour m’arracher des mains d’un jaloux détestable.

Cet avis fit l’effet que nous avions pensé :

Par cette fausse alarme Harpajême offensé,

Voulant assassiner l’auteur de cet outrage,

Étant accompagné de spadassins à gage,

Fit quinze nuits le guet sous mon appartement ;

Et je vis quinze nuits de suite mon amant

Dans celui du jardin, au bas de ma fenêtre.

Par des transports charmants que nos cœurs laissaient naître,

Sans crainte du jaloux exprimant nos amours,

Nous cherchions les moyens de le fuir toujours,[21]

Et ne nous arrachions de ce lieu de délices

Qu’au moment que du jour on voyait les prémices.

Je me mettais au lit, où, feignant de dormir,

J’entendais mon bourru tousser, cracher, frémir ;

Tantôt, venant mouillé jusques à sa chemise ;

Tantôt, soufflant ses doigts, transi du vent de bise ;

Toujours incommodé, toujours tremblant d’effroi.

C’était, je vous l’assure, un grand plaisir pour moi.

HARPAJÊME, à part.

Quelle pilule !

HORTENSE.

Hélas ! ce temps ne dura guère,

Et ce ne fut pour nous qu’une fleur passagère :

De perdre ainsi ses pas notre bizarre outré,

Voyant l’an du trépas de mon père expiré,

De son autorité pressa notre hyménée.

À refuser son choix me voyant obstinée,

Il fit faire un cachot où j’ai passé six mois,

Et j’en sors aujourd’hui pour la première fois.

Avec ces sentiments, et cette haine extrême.

Jugez-vous que je doive épouser Harpajême ?

HARPAJÊME.

C’est mon avis. Timante est d’aimable entretien,

Il est vrai ; beau, bien fait, d’accord ; mais il n’a rien.

Harpajême est jaloux ; j’y consens ; il est chiche

De ces tons doucereux ; oui : mais il est très riche.

Pour en ménage avoir du bon temps, de beaux jours,

Croyez-moi, la richesse est d’un puissant secours.[22]

Le cœur qui penche ailleurs en sent quelque amertume ;

Mais parmi l’abondance à tout on s’accoutume.

Vaincre une passion funeste à son devoir,

C’est une bagatelle ; on n’a qu’à le vouloir.

Par exemple, étouffez cette flamme imprudente ;

N’envisagez jamais qu’avec horreur Timante ;

Oubliez tout de lui, même jusqu’à son nom.

Çà, ma cousine, allons, promettez-le-moi ?

HORTENSE.

Non.

HARPAJÊME.

Comment ! non ? Et pourquoi ?

HORTENSE.

Je connais ma faiblesse :

Je ne pourrais jamais vous tenir ma promesse.

HARPAJÊME.

Harpajême fait donc des efforts superflus ?

HORTENSE.

Il sera mon époux ; et que veut-il de plus ?

HARPAJÊME.

Mais vous devez au moins lui montrer quelque estime.

HORTENSE.

Épouser un mari sans qu’on l’aime, est-ce un crime ?

HARPAJÊME.

Il vous déplaît donc ?

HORTENSE.

Plus qu’on ne peut exprimer.

HARPAJÊME.

Peut-être, avec le temps, vous le pourrez aimer.

HORTENSE.

Le temps n’éteindra pas l’ardeur qui me domine :

Je n’aimerai jamais que Timante.

HARPAJÊME, se découvrant.

Ah ! coquine !

Je n’y puis plus tenir.[23] Connaissez votre erreur ;

Et craignez les effets de ma juste fureur.[24]

HORTENSE.

Ah ! ah ! c’est vous, monsieur ? quelle métamorphose !

Pourquoi ? Si vous étiez en doute de la chose,

Vous êtes redevable à ma sincérité

De ne vous avoir pas fardé la vérité.

Voilà quelle je suis par votre humeur jalouse,

Et quelle je serai si je suis votre épouse.

HARPAJÊME.

Votre malice en vain s’applique à l’éviter :

Je serai votre époux pour vous persécuter,

Pour vous rendre odieux et Timante et la vie :

À vous faire enrager je mettrai mon génie...

Marinette !

 

 

Scène X

 

HARPAJÊME, HORTENSE, MARINETTE

 

MARINETTE.

Harpajême ![25]

HARPAJÊME.

Eh bien ! le serrurier

Travaille-t-il ?

MARINETTE, le voyant en robe.

Ah ! ah !...

HARPAJÊME.

Cesse de t’effrayer.

Je viens, sous cet habit, d’apprendre[26] son histoire ;

J’ai découvert par là ce qu’on ne pourra croire :

Malgré ma défiance exacte, en tapinois,

L’aurais-tu cru, ma fille ? ils m’ont trompé cent fois.

MARINETTE.

Ah ! les méchantes gens !

HARPAJÊME.

Mais j’en tiens la vengeance.

Timante doit venir pour enlever Hortense ;

À Hortense.

Le piège ici l’attend... Oui, traîtresse, à vos yeux

Vous verrez poignarder ce qui vous plaît le mieux.

Nous allons bientôt voir l’essai de cet ouvrage.

 

 

Scène XI

 

HARPAJÊME, HORTENSE, MARINETTE, LE SERRURIER

 

HARPAJÊME, au serrurier.

Est-ce fait ?

LE SERRURIER.

Oui, monsieur ; et pour en voir l’usage

Je vais, tout de ce pas, à vos yeux l’essayer.

HARPAJÊME.

Non, non ; ce n’est qu’à moi que je veux m’en fier :

J’en veux faire l’essai moi-même.

LE SERRURIER.

Eh ! que m’importe ?

Sortez donc par ici : passez par cette porte :

Marchez, venez à moi sans appréhender rien.

Eh bien ! n’êtes-vous pas pris comme un sot ?

HARPAJÊME est dans une machine comme une cage.

Fort bien :

On ne peut l’être mieux. La peste ! quelle étreinte !

Ôtez-moi promptement ; la posture est contrainte.

LE SERRURIER.

Vous délivrer n’est plus en mon pouvoir.

HARPAJÊME.

Pourquoi ?

LE SERRURIER.

Je n’en suis plus le maître.

HARPAJÊME.

Et qui l’est donc ?

 

 

Scène XII

 

HARPAJÊME, HORTENSE, TIMANTE, MARINETTE.

 

TIMANTE.

C’est moi.

HARPAJÊME.

Comment ! on me trahit !

TIMANTE.

Non, on te fait justice.

Par cette invention tu forgeais mon supplice ;

Et j’en ai fait le tien pour tirer d’embarras

La belle Hortense.

HARPAJÊME.

Hortense ! Ah ! ne le croyez pas :

Songez qu’à m’épouser votre foi vous engage,

Ou bien que du démon vous serez le partage.

HORTENSE.

Je l’étais sans ressource en vous donnant la main ;

Mais je crois qu’avec lui l’oracle est moins certain.

HARPAJÊME.

Ah ! Marinette, à moi ! délivre-moi, dépêche !

MARINETTE.

Je n’oserais, monsieur ; Timante m’en empêche !

TIMANTE, à Hortense.

Vos parents et les miens vont combler notre espoir ;

À Harpajême.

Allons, Hortense... Adieu, seigneur, jusqu’au revoir.

HARPAJÊME.

Arrête...

HORTENSE.

Adieu, monsieur ; votre servante.

HARPAJÊME.

Hortense !

Songez !...

MARINETTE.

Adieu : pigliate[27] un peu de patience.

 

 

Scène XIII

 

HARPAJÊME, seul, dans le piège

 

Arrête ! arrête ! arrête ! Holà ! quelqu’un, holà !

À moi, tôt !

 

 

Scène XIV

 

HARPAJÊME, AGATHE

 

AGATHE.

Hé ! bon Dieu ! qui vous a huche là,[28]

Mon fils ?

HARPAJÊME.

Moi-même.

AGATHE.

Vous ?

HARPAJÊME.

Ah ! ma mère ! on m’outrage.

Dans mes propres panneaux j’ai donné : j’en enrage !

Soulagez-moi ; brisez ce trébuchet maudit.

AGATHE.

Eh bien ! mon fils, eh bien ! je vous l’avais bien dit :

De vos malins vouloirs voilà la digne issue ;

Vous ne seriez pas là si j’en eusse été crue.

HARPAJÊME.

Cette moralité sied bien à ma douleur !...[29]

Au meurtre, mes voisins ! au secours ! au voleur !

 

 

Scène XV

 

HARPAJÊME, AGATHE, UN EXEMPT, DES RECORS

 

L’EXEMPT.

Quel bruit ai-je entendu ?

HARPAJÊME.

Monsieur l’Exempt, de grâce,

Commandez de ces nœuds que l’on me débarrasse.

L’EXEMPT.

Enfants, prenez ce soin.

On délivre Harpajême.

AGATHE.

C’en est fait.

HARPAJÊME.

Grand merci !

Courons après les gens qui causent mon souci.

L’EXEMPT.

Mon ordre est de venir m’assurer de vous-même.

Le sénat, qui connaît votre rigueur extrême,

Vous ordonne à l’instant que, sans égard à rien,

Vous lui rendiez raison d’Hortense et de son bien.

HARPAJÊME.

Le sénat le prend mal.

L’EXEMPT.

La résistance est vaine :

Allons.

HARPAJÊME.

Je n’irai pas.

L’EXEMPT.

Eh bien donc, qu’on l’y traîne !


[1] Var. Édit. 1734 : suivante d’Hortense.

[2] Var. Édit. 1734 : l’Exempt et ses archers.

[3] Ce vers manque dans les éditions de 1702 et de 1729.

[4] Var. Édit. 1734 :

Toi, pour ne témoigner aucune intelligence.

[5] Il y a possible dans les éditions de 1702 et de 1720, mais c’est une faute évidente.

[6] Var. Édit. 1734 :

Employez les secrets de l’art, de la nature.

[7] Var. Édit. 1734 :

Enfin, ils feront tant qu’au milieu du dédale

Imperceptiblement ensemble ils se rendront.

[8] Var. Édit. 1734 :

Vous peuvent sur ce point garantir ma science.

[9] Les éditions de 1702 et de 1729 portent à tort : si tôt.

[10] Var. Édit. 1729 et 1734 :

Pour cela j’ai donc fait construire une machine.

[11] Var. Édit. 1734 :

Notre amoureux transi cette nuit s’y rendra.

[12] Les éditions de 1702 et de 1729 donnent : en ma cave, qu’on peut considérer comme une faute d’impression.

[13] Var. Édit. 1734 :

Il est donc assez fou pour présumer de soi.

[14] Var. Édit. 1734 :

Qui m’apprend qu’on ne doit s’assurer que sur soi,

J’ai cru plus à propos de prendre tout sur moi.

[15] Var. Édit. 1734 :

En habit, et de pied en cap tout revêtu

Du grave extérieur d’une intègre vertu.

[16] Var. Édit. 1734 :

Et les hommes ne sont que ce qu’il plaît aux femmes.

[17] Var. Édit. 1734 :

Qui donc de vous est ma parente...

[18] Var. Édit. 1734 :

Je ne suis, monsieur, que la suivante.

[19] Var. Édit. 1734 :

Votre père, en mourant, vous en dicta les lois.

[20] Dans l’édition de 1734 ces deux vers sont transposés.

[21] Var. Édit. 1734 :

De le fuir pour toujours.

[22] Var. Édit. 1734 :

Croyez-moi, de grands biens sont un puissant secours.

[23] Ainsi dans l’édition de 1734. Les éditions précédentes portent à tort :

Je n’y puis soutenir.

[24] Ce vers manque dans les éditions de 1702 et de 1720.

[25] Var. Édit. 1734 : Monsieur !

[26] Les éditions de 1702 et de 1729 portent à tort apprendre au lieu de d’apprendre.

[27] Ainsi dans l’édition de 1734. Les éditions de 1702 et de 1729 portent : adieu Pilate, ce qui n’a point de sens.

Pigliate, en italien, prenez ; du verbe pigliare. On se rappelle le refrain des médecins de Monsieur de Pourceaugnac : « Piglialo su, signor monsu ; piglialo, piglialo, piglialo su. »

[28] Hucher, pour jucher.

[29] Un rapprochement se présente ici naturellement à la pensée : on se rappelle la fable de l’Enfant et le Maître d’école :

Hé, mon ami, tire-moi du danger,

Tu feras après ta harangue.

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