La Demande (Guy de MAUPASSANT)

De cette pièce, il ne reste qu’un fragment retrouvé dans les papiers de l’auteur et publié par Pierre Borel dans Le Temps du 24 février 1927.

 

 

Un homme du monde marié a une maîtresse, la femme de cet homme va avoir un amant. Et c’est le secret pressentiment d’être trahi qui fera revenir soudain l’homme du monde à sa femme.

Le sujet est mince ; Maupassant s’était surtout attaché à camper ses personnages, à rendre leurs propos, à restituer dans un style nerveux l’atmosphère factice de cette société.

Sallures, l’homme du monde, définit le salon tel qu’il le voudrait.

 

 

SALLURES.

...Quelques hommes d’esprit et quelques jeunes femmes, et pas de foule.

MADAME SALLURES.

C’est impossible. On ne peut fermer sa porte.

JACQUES, l’ami de Mme Sallures

Oui, le monde aujourd’hui c’est la foule. C’est une coulée de gens à travers mille salons, dont toutes les ouvertures sont béantes.

SALLURES.

Il n’y a donc plus d’hommes amusants ?

JACQUES.

Oui, il y en a, mais ils ne sont pas amusants dans le monde.

SALLURES.

Pourquoi ?

JACQUES.

Parce qu’ils sont toujours interrompus et troublés par les sots.

SALLURES.

Alors on exclut les sots.

JACQUES.

Impossible.

SALLURES.

Pourquoi encore ?

JACQUES.

Parce que c’est l’élite.

SALLURES.

Comment l’élite ?

JACQUES.

Oui, l’élite de la société est formée de gens considérablement honorables, vénérés, connus et titrés, mais souverainement assommants, ignorants et vaniteux qu’il est impossible de ne pas recevoir.

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